Live Report – Yard Vibration – Lyon (69) – Une nuit unique et magique avec les vétérans de Chalice Sound System !

Aucun commentaire
Live Reports

En ce samedi 09 mars 2024 à Lyon, plus précisément au parc de loisir de l’aérodrome, avait lieu la soirée Yard Vibration organisée par Orange Street & Lord Echotone et ou était invité le légendaire Sound System lillois Chalice pour une session plus que mémorable… Basile y était et vous propose un live report détaillé pour revivre cette soirée unique et magique Inna Culture Dub !

Chalice Sound System

 

Avant de commencer à parler de cette soirée, revenons quelques années dans le passé. C’est autour des années 1995/1996 qu’un groupe d’amis lillois débute une aventure peu commune pour l’époque, celle du sound system reggae. Au début, Chalice était une association culturelle où des personnes d’origines diverses pouvaient faire des rencontres et des échanges, une communauté. À cette époque, le sound system jouait rue de la Renaissance dans un lieu qu’ils appelaient eux-mêmes par le nom de cette rue « Renaissance ». Au sous-sol régnait la sono et eux habitaient dans un appartement au-dessus. Mais avant même la création du projet Chalice, à l’époque, il y avait très peu de soirées reggae à Lille. Pour résoudre ce problème, ils commencèrent à jouer dans les bars avec très peu d’équipements et un jour quelqu’un leur proposa d’aller en Angleterre voir Jah Shaka (en 1994).

Chalice Sound System

A partir de ce moment-là, tout changea pour eux. Ils sont ensuite retournés plusieurs fois au Notting Hill Carnaval pour voir Jah Observer, Aba Shanti qui venait de commencer, Channel One, etc. À l’époque, c’était le temps du dancehall en Europe, il fallait aller en Angleterre pour voir cette autre facette du sound system. Il n’y avait pas toutes les informations sur Internet comme aujourd’hui, ils devaient donc tout apprendre depuis le début en observant les personnes avant eux, en posant des questions parfois sans réponse. Par la suite, la régularité des sessions Chalice à Lille a inspiré de nombreuses personnes à continuer dans cette voie. Ils sont maintenant considérés par de nombreux crews lillois comme des mentors. Une des spécificités de Chalice aujourd’hui est de continuer à faire vivre des souvenirs d’une autre époque, en particulier par l’utilisation de matériel vintage apportant à leur sound system une couleur sonore unique. Ils font partie des derniers sounds  en Europe à utiliser un ampli à lampe pour alimenter leurs basses.

D’après la légende, à l’époque, ils tournaient avec un vieil ampli à transistor très puissant qui malheureusement tomba en panne. Ils l’ont donc donné à Lincoln (un constructeur anglais réputé pour ces préamps), pour voir s’il y avait moyen de le réparer. Mais l’ampli disparut lors d’un vol de camion et un beau jour Lincoln arriva chez Chalice avec un énorme ampli à lampe ( 14 lampes KT88 ) pour remplacer l’autre. Depuis et jusqu’à aujourd’hui, Chalice joue avec cet ampli qui apporte cette sonorité typique. Pour continuer dans cette idée de retranscrire le son d’une autre époque, on peut également noter aussi la présence d’un préampli 4 voies du constructeur Lincoln et d’une platine Garrard 401, véritable pièce de musée toujours recherchée par les collectionneurs ou fans de matériel audiophile des années 60. En bref, Chalice Sound System est un vétéran de la scène Sound System et ne manque jamais de transporter le public dans une autre dimension le temps d’une soirée.

Il est 17 h 30 au départ de Rennes lorsque j’embarque dans un TGV en direction de Lyon accompagné de mes amis. Arrivés à Lyon, il nous faut encore nous déplacer jusqu’à la salle en extérieur de la ville près de l’aérodrome. La salle est exactement comme je l’imaginais : petite, froide et sans lumière ni décoration abondante. C’est sobre, mais efficace. On y retrouve un bar et un petit stand de nourriture artisanale. Plongée dans l’obscurité, les quelques lumières qui éclairent la contrôle tower ou le bar nous permettent d’y voir. Le manque de lumière n’est pas un problème, c’est même parfois l’inverse : il peut pour certaines personnes leur laisser l’opportunité de s’évader plus facilement et laisser libre cours à leur corps afin de se mouvoir au rythme entraînant de la musique. Je remarque que contrairement à certaines sessions, personne n’est tourné en direction de la sono. Au contraire, tous les regards sont braqués sur le fond de la pièce où trône, comme cité précédemment, un amas très organisé de matériel vintage en tout genre, matériel habilement utilisé par nos hôtes de la soirée, les deux sélecteurs de Chalice Sound System. L’horloge sur mon cellulaire indique 22h15. Nous avons malheureusement loupé le début de la soirée qui commençait à 21h à cause du long trajet depuis la Bretagne. 22h15 donc et la salle est plutôt bien remplie, mais il reste de l’espace pour danser. Le morceau ‘Praise Without Raise’ de Dennis Brown est diffusé à ce moment-là.

Yard Vibration

Pour nous, cette première partie de soirée est un régal pour les oreilles et pour les yeux. Quel plaisir de voir un public aussi respectueux et motivé. En effet, il n’existe aucune barrière entre les massives et l’espace occupé par les membres du crew, si ce n’est que la barrière du respect faite naturellement par le public qui semble n’avoir aucune envie de déranger leurs hôtes et c’est bien mieux comme ça. Juste après le morceau de Dennis Brown, on a le droit à un autre classique sorti seulement deux ans plus tôt en Jamaïque en 1977 par le groupe Wailings Souls sur le label Massive. Dès les premières notes, la foule reconnaît ‘Bredda Gravalicious’, un anthem régulièrement joué en sound system. Le collectif joue presque systématiquement la partie dubwise des morceaux pour notre plus grand plaisir. En effet, sur cette sono toutes les versions dub sonnent terriblement bien. C’est un plaisir que d’entendre ces morceaux sous une forme nouvelle, particulièrement sur les mix mettant en avant uniquement la section drum & bass où l’on pourrait presque voir le bassiste jouer devant nous. Encore une fois, je suis très vite conquis par cette sonorité atypique qui ne plaît pas forcément à toutes les paires d’oreilles. On continue alors avec un autre classique de la musique jamaïcaine, sorti sur le mythique label Studio One : le morceau ‘Let’s go to Zion’ de Winston Francis fait mouche, on peut voir les mains du public se lever à l’unisson. Chaque morceau joué sur la sono est transformé en véritable machine à tuer le dancefloor et c’est aussi le cas de ‘Proverbs Extraction’ de Pablo Moses qui pousse encore une fois l’immersion au-delà des limites habituelles, surtout avec sa version dub dévastatrice qui hypnotise toute la salle. On reste encore un moment dans les années 70/80 avec une ribambelle de big tunes qui s’enchaînent les unes aux autres, avec notamment : ‘Jahovia » de Matic 16 ou ‘King Pharaoh Plague’ de Yabby You.

Plus tard dans la soirée, on se dirigera vers l’Angleterre du début des années 2000, en commençant par le superbe morceau ‘Never Mind Son‘ interprété par Michael Lloyd, qui aura le droit à un pull-up tellement il fait son plus bel effet. Ils enchaînent alors avec le titre ‘Rise Up, Stand Firm’ de Brenda Harry sorti en 2001 sur le label Twinkle. Quelques morceaux plus tard, on reste dans cette vibe avec le morceau ‘A di Same Mouth’ un peu plus récent, sorti l’année dernière sur le label Meditations Music et interprété par le légendaire Al Campbell. Chalice Sound System décide alors de mettre à l’honneur un producteur du terroir lyonnais avec le morceau sorti sur le label Zer I Deres : ‘Holy One’ de Joe Pilgrim et sa version plus killer aux percussions envoûtantes.

Ils finiront ce segment axé sur des productions légèrement plus récentes par plusieurs dubplates sur CD du producteur Jah militant, ne jouant notamment que des riddims lourds sans vocaux et leurs nombreuses versions, Meditation Time.

Les 45 t reviennent à l’honneur avec le superbe Dennis Brown, mention spéciale au titre ‘Oh What A Day’ et sa version dub qui mettra tout le monde d’accord en emmenant au passage de nombreux massives dans un trans folle, la danse à ce moment bat son plein, le public et les membres du sound dansent ensemble afin former presque comme une seule et même entité se mouvant sur les rythmes percutant du morceau, un très beau moment. Les killers des années 70/80 continuent de s’enchaîner : ‘Rasta Reggae’ de Black Slate, ‘Ragga-Muffin Year’ de Junior Delgado, etc.

Les gens se rapprochent de plus en plus de la control tower pour venir danser ensemble, comme pour accélérer ce phénomène, les productions plus « stepper » reviennent s’immiscer dans la session, notamment avec le titre chanté par Luciano : ‘King-Tafari Children’ qui fait un ravage sur la sono de Chalice, tune notamment beaucoup joué à une époque par Jah Shaka. Ils lui rendent également hommage avec le titre ‘Praise Unto Him’ de Winston Jarrett sorti sur le label Shaka Music en 45 tours. Direction cette fois la fin des années 90 en Jamaïque avec la version dub du super titre sorti sur le label Lucky Love en 1998 : ‘Import Corruption’ de Paul Elliott qui, comme à son habitude, ne manque pas de plier la session comme il faut.

La fin de soirée se rapproche, les disques s’enchaînent. Pour l’instant, il faut noter que je ne suis pas beaucoup sorti de la salle, si ce n’est que quelques rares fois pour prendre l’air sous la pluie pendant de courtes minutes. La sélection, la sono et le style de jeu de Chalice Sound System ont le même effet que pourrait avoir celui d’une colle extra forte sous ma semelle. Je n’ai pas envie d’en louper une miette. Tout d’un coup une intro attire particulièrement mon attention, je reconnais là alors l’entrée en matière emblématique du riddim de ‘Prophecy’, interprété par Fabian Miranda à l’origine, mais au lieu d’entendre comme je l’imaginais le vocal de Fabian Miranda ou encore même l’alternative cut interprété par Lloyd Brown, c’est un énorme organ cut qui s’offre à nous avec une version dubwise extrêmement puissante dont les effets retentissent sur la sono et nous transportent au-delà de l’entendement.

Il ne nous reste vraiment plus beaucoup de temps avant que l’heure fatidique de la fin ne sonne. Les dubplates aux sonorités UK s’enchaînent, nombreux sont les morceaux qui attirent mon attention, mais aussi nombreux sont ceux dont je ne connais même pas l’existence. Arrivé en cette heure tardive, je décide naturellement de profiter et de laisser mon petit carnet et mon stylo de côté dans ma poche pour danser plus librement.

Ce sera donc la fin de ce live report écrit sur le site Culture Dub, mais cette session continue dans mes souvenirs et dans ceux des personnes présentes sur le moment et ce n’est pas plus mal comme ça, l’énergie qui émane des sessions Chalice ne peut pas être retranscrite à la perfection dans un article, un enregistrement audio ou une vidéo trouvable sur internet, c’est quelque chose à vivre au moins une fois. Une expérience temporelle et spatiale à des années lumières des sessions régulièrement proposées sur le territoire français. Une véritable capsule temporelle qui tente comme elle le peut de faire vivre une musique d’une époque que je n’ai pas connue personnellement (mais qui me parle énormément), tout en continuant de regarder vers l’avenir. On espère encore de belles années pour le sound system Lillois Chalice, maximum respect !

Texte et photo : Basile

Source pour l’apparté du debut : ITW chalice wadada festival, forum dub sound

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous devez remplir ce champ
Vous devez remplir ce champ
Veuillez saisir une adresse e-mail valide.

keyboard_arrow_up