Live Report – Positive Dub #34 – Eightball Studio (77) – On revient aux fondamentaux du Sound System et cela fait du bien !

En ce 11 novembre 2023, l’association francilienne Adubtion organisait la Positive Dub #34 au Eightball Studio à Villenoy. Pour la dernière édition de l’année, elle nous a concocté une programmation certes minimaliste, mais ô combien alléchante : les vétérans lillois de Chalice Sound System all night long… Raphaël y était et vous raconte cette session d’anthologie qui restera certainement gravée dans la mémoire des massives présents !

Chalice Sound System

 

Chalice Sound System est réputé pour son utilisation d’amplis à lampe sur sa sono, lui conférant une sonorité atypique, ainsi que pour sa sélection pointue axée Roots 70’s/80’s et UK Dub. Leur venue pour 8h de session avec la sono est un événement en soi, à en juger par le public venu spécialement des quatre coins de la France (dont votre humble serviteur venu de Rennes avec quelques amis). Et une fois arrivé à Paris, le voyage n’était pas terminé, car il fallait encore rallier la gare de Meaux, dont le trajet était allongé à cause de travaux. C’est donc après près de 5h de trajet porte à porte que j’arrive enfin au Eightball Studio ! Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour prendre une bonne dose de basse, je vous le demande ?

Ambiance

Il est 22h30 lorsque je découvre le lieu, une petite salle de concert qui offre une ambiance underground tout à fait propice au programme qui nous attend. Le public est déjà nombreux et les deux stacks de la sono ronronnent à plein régime sur une sélection UK, ça joue particulièrement fort ! Il y avait bien longtemps que n’avais pas vu Chalice Sound System jouer sur sa sono et dès les premières secondes je prends une sacré claque. On se sent comme transporté dans un autre espace-temps, tant l’esthétique sonore semble tout droit sortie de l’Angleterre des années 80 : les basses et les aigus à fond, un gros trou dans les médiums. De plus, l’ampli à lampe crée de la saturation dans les basses, ce qui donne un grain unique. Au début, c’est déroutant et il me faudra un peu de temps pour que mes oreilles s’habituent et que je me laisse totalement happer.

Les deux membres de Chalice Sound System se partagent la sélection avec des productions anglaises bien puissantes, telle ‘War In Jerusalem’ des Twinkle Brothers. Un peu plus tard, nous avons droit à un bel enchaînement de titres Roots 70’s et début 80’s, pour en citer quelques uns : Satisfy My Soul Jah Jah’ de Bob Marley & The Wailers, ‘Praise Without Raise’ de Dennis Brown, le très mélancolique ‘Rise & Shine’ de Bunny Wailer qui touche particulièrement les massives, ou encore ‘Chant Away’ de Calton Coffie. Les big tunes pleuvent à tout va !

Le style de jeu de Chalice Sound System n’est pas commun, ils interagissent peu avec les massives, l’utilisation de la sirène et du delay est assez spartiate, et les tunes démarrent souvent pleine balle avec la basse à fond : un style austère qui va à l’essentiel et laisse peu de place pour respirer, ce qui est renforcé par l’absence de jeu de lumière dans la salle. Aucune fioriture donc pour nous distraire, on s’immerge d’autant plus facilement dans la musique. On s’en prend plein la figure et on sent qu’on est parti pour un marathon toute la nuit !

Chalice

Après une bonne dose de Roots, vient ensuite une énorme sélection Digiroots UK des années 90/2000, avec notamment ‘Babylon’ d’Errol Bellot. Sans pour autant le faire de manière systématique, les deux compères jouent souvent la version Dub pour prolonger le plaisir, voire plus si affinité ! En effet, il est intéressant de s’arrêter sur le cas de la tune ‘Serious Time’ de Stephen Wright, sorti sur le label réputé Reggae On Top. Nous avons d’abord droit à la version cuivre, puis une version dub, agrémenté de pull-up, jusqu’ici rien d’extravagant. Puis retentit la version vocale qui nous prend par surprise ! Alors qu’elle est pratiquement terminé, le sélecteur nous fait un pull-up pour remettre la vocale depuis le début ! Et ce n’est pas fini, on termine sur une version Dub qui met l’accent sur les percussions et la batterie. L’ambiance est complètement dingue dans la danse, le riddim est sacrément entraînant et fait taper du pied. Au final, nous aurons passé près de 20 minutes sur ce titre, un moment fort de la session !

Il n’y a maintenant plus qu’un seul sélecteur derrière la control tower et il retourne sur du Roots 70’s/80’s. Mais pour autant la pression ne retombe pas et les massives sont toujours autant à bloc. Là encore une belle brochette de big tunes nous attend : ‘Slave Driver’ de Dennis Brown, ‘Blood Suckers’ de Pablo Gad, ‘This Population’ de Burning Spear ou encore ‘Down In The Ghetto’ de Naggo Morris.

A 02h30, la sélection repart en Angleterre, avec notamment deux excellents titres de Prince Malachi : ‘Can’t Control I’ et ‘Run Away Slave’. Chalice Sound System rend également hommage au regretté Jah Shaka avec le titre ‘Jah Is Everything’ de Tony Tuff.

Les deux sélecteurs se passent le relais. On passe sur du format CD et la sélection s’axe sur des productions récentes UK Stepper instrumental, particulièrement propices à l’introspection. Le format vinyle refait son apparition pour la dernière heure et demi de la session et on reste sur cette lancée Dub instrumental austère et mystique. C’est tout de même agrémenté d’un titre Roots de Burning Spear et d’un recut Digiroots du fameux ‘Kunta Kinte’ avec Johnny Clarke au vocal reprenant le non moins fameux ‘Every Knee Shall Bow’, big tune !

Ambiance

La fin de la session approche dangereusement, et les deux sélecteurs sont présents pour faire vibrer la sono avec la toute première sortie de leur label Chalice Music : ‘Play On’ de Skippa. Une vibe typée UK 90’s qui fait mouche dans la danse ! Nul doute qu’elle a rencontré un franc succès puisque toutes les copies à vendre sur place sont parties. Et pour clôturer la session, ce n’est pas une last tune, ni deux last tunes, mais trois last tunes auxquelles nous avons droit ! Jusqu’à la fin, les massives dégagent une belle énergie dans la danse et à 06h15 le son s’arrête.

Aller voir Chalice Sound System sur sa propre sono est une expérience à part entière. Les lillois ont choisi une esthétique qui semble venir d’une autre époque, à rebours de ce qui se fait ailleurs dans la scène Sound System, où l’on cherche certes de la puissance, mais aussi une certaine clarté. Le style de Chalice est radical, autant dans le grain de la sono qui transforme chaque titre joué en machine à tuer sur la piste de danse, que dans la sélection des plus pointues et l’animation très sobre. On revient aux fondamentaux du Sound System et cela fait du bien. La dimension festive de la danse s’efface devant une dimension plus mystique invitant à l’introspection. Ce fût donc une session d’anthologie qui restera certainement gravée dans la mémoire des massives présents !

Big up Chalice Sound System et Adubtion pour l’organisation !

Texte et photos : Raphaël

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