Live Report – No Logo BZH – 13, 14 et 15 Août 2021 – Fort de Saint Père, St Malo (35) – Les peuples ne cesseront de chanter et danser encore !

Du 13 au Août 2021 avait lieu le festival No Logo BZH au Fort de Saint Père à Saint Malo, une édition qui malgré la pandémie a accueilli plus de 19000 personnes avec entre autres sur scène Panda Dub, Biga*Ranx, Ijahman, Clinton Fearon, Kubix et côté Sound System, le RDH Hi Fi accompagné de Krak In Dub, Irie ites et de nombreux chanteurs… Retrouvez l’expérience vécu par Jojo inna Culture Dub, One Love !

No Logo BZH 2021

 

Les peuples ne cesseront de chanter et danser encore !
par Jojo aka Geoffrey Roy

Sur mon chemin vers la Bretagne j’ai fait un arrêt à la ZAD de Notre Dame des Landes lors de la visite des Zapatistes et on m’a rappelé qu’il n’y a pas de lutte sans festivité.  Et lorsqu’il s’agit de faire passer un message grâce au pouvoir de la musique, le reggae de par ses racines, son histoire, interpelle le public grâce à des rythmes plein de joie. En mettant l’accent sur la réalité des injustices sociales internationales, la nécessité de nous unir, de comprendre que nous faisons partie d’un tout et que tout est lié. One love!

Je suis allé au Fort Saint-Père, à côté de Saint Malo pour le Festival No Logo BZH avec une superbe programmation autour du reggae et du dub. J’étais bénévole au bar, avec une superbe équipe de l’association Cafard Nahum qui est venue prêter main forte au No Logo. Et donc lorsque je n’étais pas à débiter de la boisson, je suis allé kiffer la vibe !

no Logo BZH 2021

Briefing avec l’équipe du bar, la spécificité bien évidemment c’est que nous sommes toujours dans un contexte de pandémie, nous garderons nos masques derrière le bar. Le festival a une jauge de 7000 spectateurs maximum. Est-ce que le public va être au rendez-vous, ça va être la surprise !

Il y a une grande scène avec la rangée de gros caissons de basse puis il y a un coin Dub avec le RDH Hifi, un soundsystem de 8 scoops.

Ouverture des portes, nous sommes prêts. Les gens arrivent bien doucement au début. Le premier concert commence avec le groupe Alor?, les gens qui viennent au comptoir pour se désaltérer ont le sourire aux lèvres, ça fait plaisir.
Vient le moment pour Clinton Fearon et son Band de monter sur scène, je demande à faire une pause au bar car c’est une des légendes du reggae, venu directement de la Jamaïque et je ne veux surtout pas louper ça. 52 ans de musique et de carrière !

Clinton Fearon

Il arrive sur scène, pure smile, pure énergie. Il est propulsé par des pures zicos de très haut niveau. J’apprendrais plus tard que ce sont des musiciens qui gravitent autour de la famille Baco Records. On sent qu’il y a une réelle complicité entre eux, ça sonne grave et les morceaux s’enchaînent parfaitement. Ils ont commencé un peu tôt, 19h35, le site n’est pas entièrement rempli, mais les personnes qui sont là apprécient pleinement la performance qui se déroule devant leurs yeux. Nous avons beau temps, c’est parfait. Ils enchaînent les morceaux, dont les classiques de l’époque pendant laquelle il faisait partie des Gladiators et ceux de son répertoire en solo. Ils jouent ‘Rich man, poor man‘ et je suis super heureux d’entendre ce morceau que j’adore. J’ai le sentiment de vivre un moment d’histoire. Un moment marqué dans le temps. Je respire profondément et absorbe pleinement le kiff que je suis en train de vivre. Tous les sourires qui m’entourent et ce son intemporel.

Biga* Ranx

Retour au bar, où il y a de plus en plus de monde. Toujours dans la bonne humeur. En tant que bénévoles, on nous a offert des tickets foodtrucks, malheureusement je ne trouve rien qui corresponde à mon orientation alimentaire. J’ai commencé une transition il y a 6 ans après avoir rencontré une fille très drôle, une végétarienne. S’en est suivi un long procédé interne, nourrit de documentaires, de lectures, d’échanges et de bons repas pour arriver aujourd’hui à m’alimenter exclusivement de tout l’univers végétal. J’ai découvert que ça rejoint justement ma volonté de lutter contre un système destructif et ça me rend heureux. Puis c’est un peu un défi, ça fait sortir de la zone de confort. Par chance j’ai une responsable d’équipe exceptionnelle, Aliénor. Elle m’échange ses tickets pour le catering. Et là-bas ils ont été trop cool et m’ont fait un super plat.

Biga* Ranx

Et là surprise, qui est-ce qui arrive ? Clinton Fearon !
Je remercie l’univers et échange quelques mots avec lui.
D’autres personnes se joignent à la table et nous partons dans de longs débats. Je rate les Neg Marrons et La Rue Ketanou, mais je peux vous dire qu’on entendait au loin, qu’il y avait une bonne ambiance.
Puis, qui est-ce que je croise avec Judah Roger qui s’apprête à monter sur scène… Biga Ranx ! On se check, il semble en forme et continue son chemin.

Son show commence, je traverse la foule et grimpe sur la tour des Lighteux.
Et la boom, je découvre une marée humaine devant moi avec Biga sur scène qui envoie un son de ouf. 6300 personnes qui skankent ensemble.
Le fire total.
Je me sens emporté par une profonde émotion interne.
Ça faisait tellement de temps que je n’avais pas assisté à ce type de scène de vie.
Tellement de gens en train de kiffer du gros son, des pures lights, pure ambiance de malade.
J’ai versé une petite larme. J’ai respiré un bon coup.
Après avoir fait un smile aux Lighteux qui eux aussi étaient en train de kiffer, je suis descendu pour me plonger dans l’ambiance. C’est la folie là dedans, le public est surexcité. Je me faufile juste devant la scène pour faire des photos. Je me retrouve la tête dans les caissons de basse à avoir juste devant moi Biga Ranx et son pote batteur et c’est la grosse claque !
Les deux sont dans un état second, en transe.

No Logo BZH 2021

Ça me rappelle le film « Soul » de Disney/Pixar, où ils évoquent le concept d’étincelle : cette activité qui est propre à nous-même et qui révèle le meilleur de notre âme. Lorsqu’on la pratique, on entre dans un état de “flow” qui nous mène dans ce qu’ils appellent la “zone”, un espace entre notre corps physique et spirituel.
Dans le monde dans lequel nous évoluons nous sommes ancrés dans la matière, déconnectés du monde spirituel. De voir d’autres personnes se jeter dans cet état de transe, nous reconnecte, nous inspire et nous guide afin d’exprimer le meilleur de nous-même.

Mo Kalimity

Là, Biga incarne pleinement son personnage au service du son et c’est complètement bluffant. Un flow incroyable et une ambiance qui monte, qui monte jusqu’à l’explosion et le public ne fait qu’en redemander. Ils nous feront plusieurs rappels. On sent l’émotion en eux lorsqu’ils saluent le public et doivent quitter la scène.
Et c’est sur cette ambiance ultra chaude que va se terminer la première journée du festival.

Samedi matin, on est lancés dans l’ambiance du festival, du côté bénévole où on sait qu’on va encore être à fond pour servir des bières et passer un bon moment. J’observe les exposants et tout le personnel qui travaille sur le site, qui s’anime pour une nouvelle soirée.
Je suis un peu frustré d’avoir été limité la veille par le temps, entre ma fonction au bar et le niveau musical sur la grande scène, je n’ai pas eu le temps de passer à la Dub Arena. Et ce matin je ne pourrai pas aller voir l’ambiance sur le parking festivalier.

Ce soir, c’est du lourd ! Une fois de plus, des artistes de très haut niveau sont au programme : Mo’Kalamity, Ayo, Jahzz, Danakil, Panda Dub et Ijahman. La veille derrière la scène, j’ai eu le plaisir de rapidement connaître et m’intéresser à quelques personnages en cherchant à en savoir plus sur qui se trouvait aux côtés de Clinton Fearon. C’est là que j’ai découvert Kubix – super sympa, un des plus grands guitaristes de la scène reggae. Et ce soir, il va jouer 3 fois !

Kubix

Dans cette ambiance, je ne peux m’empêcher de penser à la frustration que génère la situation sanitaire. Porté par le rythme du son, je redécouvre la sensation agréable qu’apporte la rencontre : voir du monde et avoir envie d’apprendre à les connaître.

Ce soir, la majestueuse Mo’Kalamity ouvre le bal sur la grande scène. Elle débarque avec son énergie incroyable et une magnifique tenue très colorée. Je découvre qu’elle est originaire du Cap Vert, que ses parents ont décidé de quitter pour aller trouver une vie meilleure à Paris lorsqu’elle avait 5 ans. On sent par sa présence, sa voix et ses textes qu’elle incarne pleinement les racines du roots reggae avec toujours un côté militant. Tolérance, amour, bienveillance envers tout être. L’Afrique berceau de l’humanité, celle qui nous réunit tous. Le niveau des musiciens est exceptionnel, ça sonne tellement bien, ça groove. J’ai particulièrement apprécié la touche apportée par la flûte traversière et le chant de Yann Cléry, originaire de Guyane. J’ai appris qu’il était engagé dans la lutte pour la défense des peuples autochtones de Guyane et la forêt Amazonienne.

Danakil

Vient ensuite un groupe surprise, Jahzz. J’avais été invité la veille à ne pas louper cette performance, par une femme rayonnante, à l’énergie exceptionnelle : Krystal Ivanès. Et là, quelle surprise !  Un collectif de musiciens incroyables avec 3 chanteuses qui vont l’une après l’autre chanter les parties principales pendant que les autres vont faire les chœurs sur des morceaux classiques du reggae. Tous avec des origines différentes, unis par la force de la musique. Ici offrant un fin mélange entre le reggae et le jazz. Quel kiff d’être bercé par cet univers multiculturel. Sentir cette union, percevoir les ponts se créer entre les peuples du monde.

Je vais manger et me trouve à la table de Danakil. La dernière fois que je les ai vus c’était il y a 12 ans, dans un petit bar de La Rochelle. Ils étaient déjà excellents à l’époque, depuis ils ont énormément évolués. Puis le temps est passé par là. Ils racontent leurs aventures avec leurs enfants… trop chou.

Nella Céleste

J’assiste à quelques instants avec Ayo. Incarnation de femme divine, belle, forte à la voix envoutante. Son nom d’artiste signifie “joie” en Yoruba, langue d’Afrique de l’ouest. Et c’est ce qui émane d’elle sur scène. Une personne de grand talent, équilibrée, qui s’écoute et écoute ce qu’il se passe autour d’elle. Elle a vécu dans différents coins du monde et a partagé son soutien à diverses luttes sociales, dont la lutte des noirs avec le mouvement de BlackLivesMatter et le génocide Palestinien.

Retour à la fonction barman, il y a du monde qui a soif. Bonne ambiance, mais certains n’ont pas le sourire. J’apprends que les forces de l’ordre sont postées à l’entrée du festival avec des chiens. Ils intimident les festivaliers et distribuent des amendes à toutes les personnes qui possèdent des stupéfiants. Ceux qui viennent à moi avaient juste un peu de ganja pour leur consommation personnelle et ils ont les boules.

Je vais voir rapidement Danakil sur scène, c’est la folie, grosse ambiance, grosse performance, ultra pro, super haut niveau et le public est à fond. Les fans sont venus en masse et chantent avec eux les morceaux cultes du groupe. Là aussi on ressent la maturité du groupe et la volonté de provoquer du changement dans nos sociétés.

Panda Dub

Ensuite au bar on ressent les grosses basses de Panda Dub qui arrivent. Je pars voir la fin du show. Passage par la tour pour observer la scène de haut. Même grosse émotion que la veille avec Biga Ranx. C’est noir de monde et c’est la folie. Je me rapproche de la scène. Il donne tout, se lâche complètement et c’est ce qu’on aime. De l’exclusif gros dub electro warrior style. Il ressent le public et lui donne ce qu’il attend, jusqu’à même le surprendre. Il lance une invitation à allumer les lampes des portables, je me glisse discrètement derrière lui pour capturer le moment. Grand moment de ce festival. Il continuera d’envoyer à fond jusqu’à dépasser son temps. C’est ça aussi, se laisser emporter.

Panda Dub

En sortie de scène je parle avec Joris qui est photographe et vidéaste pour Panda et l’AFTRWRK familly. On parle photo et connexion au monde. Il a avec lui un petit appareil photo argentique avec lequel il capture des moments intimes des tournées en noir et blanc qu’il développe ensuite dans son labo. Je suis pris en photo, c’est rare et touchant. Big up.

Ijahman

Par la suite, on retournera au classique roots reggae avec Ijahman, légende de 75 ans venu de la Jamaïque. Avec un pur band qui l’accompagne dont de nombreux membres qu’on avait déjà vu dans la journée. Kubix à la guitare, Paul Kingue et Muctaru Wurie aux claviers, Rico Gaultier au saxophone, Olivier Dullion à la trompette, Valess Assouan à la basse et Samou Koné à la batterie. On sent que ces musiciens ont beaucoup d’expérience et ils vibrent ensemble en parfaite harmonie.

Pour accueillir et mettre en scène au mieux notre invité de Jamaïque. Ils nous emmènent dans une ballade au rythme du reggae classique. Je me faufile derrière les amplis guitare pour capter des images. J’en profite pour mieux apprécier le jeu de Kubix. Ensuite je me trouve derrière l’ampli de la basse.

Jahneration

Et là je suis à côté de Samou, le batteur. Grosse frappe ! Nette et précise. Le jeu est propre et avec le sourire aux lèvres. C’est le bonheur. Les cuivres nous font des envolées incroyables. La soirée se termine en beauté. Tous connectés à Jah. Rastafari !

Dimanche matin, on continue sur le même rythme, la même ambiance. On enchaîne. Jason Mist ouvre la journée en douceur avec une superbe voix et un très beau jeu de guitare. Des morceaux agréables à entendre, parfaits pour accompagner cette journée ensoleillée.

Ensuite Jahneration élève le niveau avec un set et une ambiance explosive. Un gros son et une superbe interaction avec le public. Je les avais déjà vu il y a quelques années en salle, au Camji à Niort. C’était déjà la grosse ambiance. Là on voit bien qu’ils ont énormément évolué. Ils ont développé leur style et leur univers. Les fans sont présents et sont heureux.

RDH Hifi

Je passe un bon moment ensuite au bar, jusqu’au repas. Encore de beaux échanges. Un instant avec l’équipe de photographes du festival. Puis un moment intime où Rico Gaultier le saxophoniste s’est trouvé un coin pour s’échauffer pour le prochain concert. Des impros de haute voltige jazzy.

Maintenant c’est au tour de Keziah Jones de mettre le feu sur scène. Virtuose de la guitare au style unique. C’est funky, ça groove à mort. Ça nous fait danser et ça en jette. Le batteur aussi est à fond, une frappe forte et une profonde connexion avec Keziah. Du grand spectacle.

Ayo

Pour finir, c’est la surprise. Un rassemblement d’artistes d’exceptions qui jouent des reprises de Bob Marley pour les 40 ans de son départ. On retrouve un bon nombre des artistes de Jahzz avec Tyrone Downie sur le devant de la scène. Les interprétations sont parfaites et le public est ravi d’entendre ces grands classiques pour conclure le festival.

Je n’oublierai jamais le moment où Tyrone a invité Ayo à chanter ‘Redemption song‘. Un morceau très puissant qui me touche personnellement. J’étais juste devant elle. Je la voyais, majestueuse, à travers le viseur de mon appareil avec une lumière qui tournait derrière elle. Sa voix et les mots me transperçaient. L’émotion était tellement profonde que je n’ai pas pu contrôler et les larmes ont coulées de mes yeux. Ça s’est terminé et je sentais un immense sentiment de gratitude.

Rico Gaultier

J’avais envie de remercier ces gens de nous avoir offert cette scène de vie mémorable et d’avoir pu ressentir ces sensations fortes. Pour terminer ce festival, ils auront rendu un magnifique hommage à la légende : Bob Marley.

Je ne pourrais pas me prononcer pour les autres festivaliers, mais pour moi cet évènement aura été un des plus profonds, intense en émotions et beau de l’année. Je n’en reviens toujours pas de la qualité humaine, le talent et l’énergie des personnes que j’ai vu durant ces 3 jours. L’équipe de bénévoles et l’organisation était superbe. Chapeau.

Je termine cet article avec les mots de Michel Jovanovic, directeur du festival « La musique est facteur contributif de santé psychique. Elle a permis de faire le plein d’énergie positive pour les mois qui viennent. La musique fait du bien ; les artistes sont des médecins de l’âme ».

One love.

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