Live Report – Dub Station #75 – 02 Décembre 2023 – Le Trabendo, Paris – Young Warrior, L’étoile du Pré-amp !

Le samedi 2 décembre 2023 avait lieu la 75ème édition des fameuses « Dub Station » du côté du Trabendo à Paris, organisée par Cartel Concerts, avec Blackboard Jungle Sound System qui sonorisait la soirée tout en partageant sa vibe accompagné du souffle de YouthieFar East et Guru Pope, mais qui accueillait aussi sur sa sono Young Warrior, fils du légendaire Jah Shaka, et dont Jean nous conte la session inna Culture Dub !

Dub Station #75

 

J’arrive tard, et la première chose que j’entends, c’est la tune ‘Jah Is for I and I’, produite par Jah Shaka avec les Fasimbas, en 1993 à Londres. La tune inonde le Trabendo. Le chœur du refrain chanté par Jah Shaka et Jerry Lions a une portée qui va droit aux tripes, et qui pourrait mieux jouer cette tune que le fils du légendaire producteur originaire de Chapleton ? Mais faut-il vraiment présenter Neville Powell, connu mondialement sous le nom de Jah Shaka ? Reconnu internationalement pour son Warrior Style, à la fois militant et spirituel, mais aussi pour la qualité de ses danses, la célébrité de Jah Shaka n’a fait qu’augmenter tout au long de sa vie, jusqu’à sa transition vers Zion à l’âge de soixante-quinze ans. Pour tout le milieu, il était le King of sounds, le patriarche de la scène dub et soundsystem.

Young Warrior

« If Jah Is for I and I, who can be against I ? » Les paroles sont un manifeste de la foi, et d’un coup, c’est comme si le père était là. Paris attendait la venue de Young Warrior. Jah Shaka avait joué ici-même, il y a huit mois. Quelle émotion. La première chose qu’on remarque, c’est le niveau de performance qu’offre Young Warrior. À la fois fulgurant vocaliste, opérateur prolifique et fin selector, on s’étonne qu’un homme puisse réunir à lui seul toutes ces qualités. Young Warrior sait tout faire, à un niveau d’exigence rare. Il habille les dubplates avec des envolées vocales précises et puissantes, vous parle et maintient votre attention sur le sens de chaque tune, manie la sirène et le delay avec une profusion énergique. Dans beaucoup de danses, on a l’impression qu’on passe du dub. Cette fois, j’avais la très nette impression que Young Warrior jouait du dub. Son art du pre-amp n’est vraiment pas une chose ordinaire.

« Through sorrow and pain, through loss or gain, if Jah Is for I and I, who can be against I ? » Quand Young Warrior fait un éloge à Paul Maasai, il lui parle directement. Le delay porte alors à l’infini son appel. Nous voulons dire par là qu’il y a une concordance tangible entre le son de sa voix et l’intention qu’elle porte. Shaka is among us.

Faut-il en dire plus ?

Blackboard Jungle

Blackboard Jungle sonorise la soirée. Nico assiste Young Warrior, avec sa main de maître. MC Oliva n’est pas loin, et les deux rouennais sont peut-être, cette nuit, les plus dignes d’accueillir le fils d’un artiste qu’ils ont beaucoup côtoyé. I fear no foe, wherever I may go. Les fumées et la puissance du son affaiblissent mes appuis, et je me recule un peu, un instant. Je dézoome sur l’ensemble, et ce qui se dégage avant tout de ce live, c’est l’importance du message. La musique n’est ici qu’un véhicule mis au service d’un message. Young Warrior fait danser, tout en vous rappelant qui vous êtes, d’où vous venez, et où vous allez. Young Warrior a aussi quelques pas de danse inimitables, et c’est un bonheur de voir un prodige de la musique amplifiée porter à ce niveau toutes les dimensions de la scène. Les tunes s’enchaînent, et l’audience est complètement hypnotisée. Ne dit-on pas que le temps passe vite quand il est bon ?

If Jah Is for I and I, who can be against I ?
Dub Station #75

Déjà, les lumières se rallument, en même temps que la last tune prodigue ses derniers bienfaits. Le mouvement de la foule est calé sur celui du skank, les amateurs sautent et beaucoup réclament une dernière tune. Mais l’heure est l’heure. Quelques mots bienveillants de fin. Guidance, guidance, guidance. L’artiste londonien invite l’audience à rentrer calmement chez soi, sans faire de bruit dehors, sans déranger le voisinage. Une nouvelle génération qui donne l’impression d’être à la fois précise, excellente musicalement, très consciente, et douée, à l’image du père, d’un sens posé de la responsabilité. I am not a deejay, I am a soundman, avait-il dit au début de son passage.

Young Warrior est plus qu’un soundman. Il est le modèle du milieu soundsystem pour le demi-siècle à venir. Comment s’inquiéter, musicalement, de quoi que ce soit, quand on voit que la transmission a si bien été effectuée ?

Vivement sa prochaine venue à Paris. D’ici là, laissons les paroles de l’illustre père résonner : « If Jah Is for I and I, who can be against I ? »

Jean Tertrain
@lapluiechampagne

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