Culture Dub – L’Histoire du Dub de ses origines à nos jours – Épisode #9

AlexDub, activiste de la scène Dub depuis les années 90’s, vous partage en plusieurs parties sa passion pour l’Histoire du Dub de la Jamaïque des années 60’s jusqu’à aujourd’hui… « Culture Dub, L’Histoire du Dub de ses origines à nos jours » . Épisode #9 – 1ère Partie : les Racines du Dub en Jamaïque (1967-1980) – Une histoire de producteurs et d’ingénieurs du son ! (part.3)

Culture Dub - L'Histoire du Dub de ses origines à nos jours
Culture Dub – L’Histoire du Dub de ses origines à nos jours

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1ère Partie : les racines du dub en Jamaïque (1967-1980)

3) Une histoire de producteurs et d’ingénieurs du son (part.3)
Producteur : Clive Chin
Studio        : Randy’s Studio
Ingénieur   :  Errol ‘ET’ Thompson

(…Suite)

Errol Thompson
Errol Thompson

Errol Thompson passe beaucoup de temps en studio avec le pianiste Augustus Pablo et ils s’expérimentent tous les deux sur la table de mixage au son des instruments, à la distortion des percussions, et aux rythmiques syncopées. Ils produisent l’album ‘This Is’ qui regroupent différentes versions instrumentales du morceau ‘Java’ de Pablo. Thompson est avec quelques autres ingénieurs du son jamaïcain comme Sylvan Morris, Barnabas et Tubby, un perfectionniste de l’arrangement. Clive Chin et Errol ‘ET’ Thompson mixent aussi en 1975 l’opus « Randy’s Dub » enregistré avec les nouveaux équipements du Randy’s Studio (Effets, table de mixage…) et qui contient deux versions dubbées de morceaux chantés par Carl Malcolm. Il sera réédité sous le nom « Dub From Randy’s » et « Forward The Bass » par le label Blood & Fire.

Dub From Rady's
Dub From Rady’s

Clive Chin confie dans une interview réalisée par Noel Hawks en 1997 : « Errol est un ingénieur innovant. Tu vois, Errol est à lui seul l’histoire d’un style musical des années 70. Il met un micro dans les toilettes et enregistre le son de d’eau qui coule pour en faire un effet. Si je pouvais remonter le temps, Errol ne quitterai jamais Randy’s. Il était le numéro 1 de l’innovation. Je ressentais les mêmes choses que lui. »

Suite au départ de la famille Chin aux USA et de leur aventure VP Records (l’un des plus importants  distributeurs de Reggae au monde), Errol Thompson rejoindra l’équipe du producteur Joe Gibbs au début de l’année 1975. ‘ET’ mixe déjà quelques versions depuis quelques années  pour lui avant la formation des Mighty Two, sa nouvelle aventure musicale. Errol ‘ET’ Thompson est avec King Tubby et Lee Scratch Perry l’un des plus grands protagonistes de la création du Dub. Il a mixé un très grand nombre de versions pour différents producteurs. D’ailleurs son premier patron Sir Clément Coxsone Dodd, activiste depuis de longues années déjà de la scène musicale jamaïcaine ne va pas laisser passer ce nouveau style qu’est le Dub sans y apporter sa touche de producteur, de spécialiste, The Dub Specialist !

 

Producteur : Clément Coxsone Dodd
Studio        : Studio One
Ingénieur    : Sylvan Morris
Groupes     : The Sound Dimension

Sir Coxsone a amassé de nombreux riddims enregistrés dans son studio de Brentford Road à Kingston appelé la « Motown jamaïquaine ». Il va avoir matière à s’en servir en cette période de re-mixe et durant les 40 années qui vont suivre.

Né en 1932, Clément Seymour Dodd a commencé par monter en 1952 son propre Sound System, le Downbeat Sound System. C’est en 1954, après un premier retour des Etats-Unis chargé de disques de jazz et de blues mais aussi d’un ampli, qu’il amorce un tournant de l’histoire de la Jamaïque.

Clément Coxsone Dodd
Clément Coxsone Dodd

 

Il a durant plus de 10 années écumées les soirées et mis le feu sur les dancefloors au point d’acquérir une grande notoriété au sein des Sound Systems, grâce entre autre à des deejays tels Prince Buster, « The Voice Of The People », qui lui a aussi servit de garde du corps, Count Machukie ou encore King Stitt. Le Downbeat Sound a fait sa réputation sur la puissance de ses basses.

Studio One
Studio One

C’est en se plaçant derrière ses enceintes qu’un jour Coxsone a ressentit la profondeur des basses, plus puissantes qu’en façade, face au public ! C’est de là que vient la technique de fabrication des enceintes en Toboggan pour que la vibration puissante des basses soit renvoyée sur la piste.

En 1962, Coxsonne se lance dans la création de son studio qui ouvrira l’année suivante. Il le nommera  Studio One qu’il aménage à Kingston au 13 Brentford Road à la lisière de Trenchtown et Downtown. Sir Coxsone Dodd devient un personnage incontournable de la scène musicale jamaïcaine. Le studio tourne 7 jours sur 7, du lundi au samedi se sont les enregistrements et le mixage puis le dimanche est réservé aux auditions.

Coxsonne : “Do It Yourself”

Coxsone sort de sublimes morceaux enregistrés par son groupe de studio les Skatalites, à cette époque dirigé par le très grand guitariste Ernest Ranglin. Sir Coxsone est le 1er producteur à s’entourer d’un groupe de musiciens réguliers, qui collaboreront de longues années avec Dodd. On retrouve dans les Skatalites, qui s’appelleront aussi The Soul Vendors ou The Soul Brothers, Roland Alphonso, Tommy McCook, Aubrey Adams, Lloyd Knibbs, Johnny Dizzy Moore, Carl Mc Laghin, Jackie Mitto et Lloyd Brevett. Une grande partie de ses musiciens viennent de l’orphelinat catholique Alpha School et n’ont d’espoir que par et pour la musique.

Coxsone gagnera très vite la reconnaissance du public durant la période Ska en produisant dès 1963 le morceau ‘Simmer Down’ des Wailers, le groupe original composé de Bob Marley, Bunny Livingston, Peter Tosh et Junior Braithwaite accompagnés de Beverley Kelso et Cherry Smith.

7" Simmer Down - The Wailers
7″ Simmer Down – The Wailers

 

Clément Dodd est un gestionnaire et un « businessman » des plus habiles. Dès le début de ses productions il s’assure la propriété des droits artistiques. Il est aussi d’une grande exigence envers les artistes avec qui il travaille. Dodd ne cesse de vouloir apporter quelque chose de nouveau à la musique jamaïcaine. Il investit sans cesse, après le studio, l’usine de pressage, puis l’imprimerie, l’indépendance s’organise, la compétition est dure, « Do It Yourself » (Fais-le toi-même) !!!

De nombreux ingénieurs défilent dans les locaux de Brentford Road au cours de l’existence de Studio 1 et tous sous la houlette de Sir Coxsone enregistrent et mixent des morceaux qui deviendront des hits. Dodd s’est entouré, peu après l’ouverture de Studio One, d’un chanteur-arrangeur qui apporte beaucoup au son et à la marque Studio One, Larry Marshall. Inspiré par les grands musiciens de la scène soul américaine comme Ben E King et Sam Cooke, Larry Marshall est tout d’abord un jeune chanteur avec une superbe voix qui vient d’avoir plusieurs hits en Jamaïque et que Coxsonne produit depuis quelques années. Larry a une superbe oreille et aide Dodd à Studio 1 en donnant des conseils aux artistes qui enregistrent. Très tôt l’homme qui arrive de St Ann, met en avant le duo basse-batterie, il appelle même cela, 30 années avant que cela devienne un style musical, le « Drum and Bass ».

King Tubby's Meets Larry Marshall - I Admire You In Dub
King Tubby’s Meets Larry Marshall – I Admire You In Dub

Pour découvrir Larry Marshall en version Dub, le label anglais Motion Records a sorti l’album « King Tubby meets… Larry Marshall – I Admire You In Dub » avec des morceaux composés par Larry et  enregistrés dans les studios Randy’s, de King Tubby et Joe Gibbs mais pas à Studio 1.

Larry Marshall s’est très fortement faché avec Coxsone, l’accusant de ne pas le payer. Sur cet opus, tous les dubs sont mixés au studio de King Tubby par le maître lui-même et son élève Professor. On peut y trouver des versions Dub de morceaux composés par les Wailers.

« Family Man et Carly sont mes cousins, leur maman est une Marshall, mariée avec un Barrett. Sur cet album, Family man joue la basse, Carly joue la batterie et Peter Tosh joue la guitare au Randy’s Studio » raconte Larry Marshall.

Jackie Mittoo, un des plus grands virtuoses organiste de son temps accompagne souvent en concert Larry Marshall.

The Sound Dimension
The Sound Dimension

Il enregistre avec les Skatalites pour M. Coxsone. Mittoo va très rapidement lui aussi participer aux arrangements pour Studio One, aidé par Ernest Ranglin jusqu’à la fin des 60’s, et participe à l’enregistrement de nombreux morceaux Reggae en compagnie de l’ingénieur Sylvan Morris. Il a formé autour de lui pour ses sessions d’enregistrements, le groupe de studio résidant Sound Dimension, composé de Bunny Williams à la batterie très vite remplacé par le talentueux Leroy Horsemouth Wallace, Leroy Sibbles (Heptones) à la basse, Eric Frater à la guitare, Roland Alphonso et Headley Bennett au saxophone, rejoint ensuite par Robbie Lynn au clavier assisté du musicien qui apporte une touche jazz au son du Studio One, Ernest Ranglin et de Jackie Mittoo lui-même.

Le nom du groupe Sound Dimension vient certainement de la machine à échos utilisée à cette période à Studio 1. Coxsone utilise une machine qu’il nomme « Soundimension », elle contient 4 têtes de lectures (une tête de lecture c’est ce que l’on trouve dans les lecteurs cassettes, qui reproduit le son de la bande magnétique), la première tête de lecture lit le son enregistré sur la bande, et les 3 autres pour le lisent quelques secondes après, en écho. On peut même en réglant la distance des têtes de lecture, choisir le temps entre chaque répétition du son.

C’est grâce entre autre à cette machine que le reggae est né. Un jour le guitariste Eric Frater joue ce que l’on appelle le « chenking », que l’on utilise dans le ska et le rock steady à contre-temps de la grosse caisse : Boum – Chenk – Boum – Chenk…

Sylvan Morris installé à la console va faire passer le Chenk de la guitare dans la « Soundimension » de Sir Coxsone et va obtenir, avec l’écho, différentes variantes comme : Che-kenk ou che-ke-chenk. Son que l’on va retrouver dans de très nombreux morceaux Reggae et bien sur dans ses versions Dub et rythmera les pistes de danses.

Sylvan Morris
Sylvan Morris

 

On se retrouve prochainement dans « Culture Dub, L’histoire du Dub de ses origines à nos jours »  avec l’Épisode #10 : 1ère Partie : les Racines du Dub en Jamaïque (1967-1980) – Une histoire de producteurs et d’ingénieurs du son ! (part.4)

Big Up,
AlexDub

 

 

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