Culture Dub – L’Histoire du Dub de ses origines à nos jours – Épisode #5

AlexDub, activiste de la scène Dub depuis les années 90’s, vous partage en plusieurs parties sa passion pour l’Histoire du Dub de la Jamaïque des années 60’s jusqu’à aujourd’hui… « Culture Dub, L’Histoire du Dub de ses origines à nos jours« . 1ère Partie : les Racines du Dub en Jamaïque (1967-1980) – King Tubby : Le Maître du Dub (part.2) : Philippe Smart !

Culture Dub - L'Histoire du Dub de ses origines à nos jours
Culture Dub – L’Histoire du Dub de ses origines à nos jours

 

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1ère Partie : les racines du dub en Jamaïque (1967-1980)

2) King Tubby : Le Maître du Dub (part.2) !

Tubby a une oreille parfaite qui lui permet de placer les effets à merveille et dans le temps. Le King est très organisé, il aime la perfection, et réalise des mixs d’une grande qualité musicale où, avec précision et en direct, il ouvrira et fermera des pistes d’instruments tout en gardant une architecture du morceau très groovante !!! King Tubby n’est pas un compositeur de rythmique, de plus son studio est trop étroit pour accueillir des groupes, mais c’est un re-mixeur de grands talents et sa renommée à Kingston n’est plus à faire.

King Tubby
King Tubby

 

Les meilleurs producteurs de Reggae en Jamaïque (Lee Perry, Niney The Observer, Winston Riley, Bunny Lee, Roy Cousin, Glen Brown, Carlton Patterson…) lui apportent les versions originales de leurs morceaux, enregistrées dans d’autres studios, pour les dubber. Etant donné la qualité du son que produit Tub’s et les petits tarifs qu’il pratique à côté des gros studios il n’arrête pas de travailler. Toutes les faces B des 45 tours des différents labels (Upsetter, Techniques, Jackpot, Attack, Wambesi, Pantomine, Black & White…) ont la marque King Tubby.  Elles sont souvent créditées « King Tubby’s Version », « Tubby At The Control » où « King At The Control ».

Tubbys at the Control
Tubbys at the Control

Le premier producteur a crédité King Tubby comme mixeur  sur un 45t est Prince Tony Robinson en 1972 sur les morceaux ‘K.T 88 version’ et ‘Tubby’s In Full Swing’, des dubs des chansons de Pat Satchmo et Dj Winston Scotland. Le Dub va même se retrouver, pour la première foi, sur la face A d’un disque vinyle et la version chantée sur la face B comme pour le terrible morceau ‘King Tubbys meets Rockers Uptown’.

Un nouveau style est né, le Dub est véritablement installé dans la scène musicale jamaïcaine et va entamer son histoire.

Bunny Striker Lee
Bunny Striker Lee

Son ami et producteur Bunny Striker Lee va permettre à King Tubby de racheter la vieille console 4 pistes du studio Dynamic’s de Byron Lee qui s’équipe d’un 16 pistes. Le talentueux Tubby va maintenant pouvoir, grâce à la console MCI développée aux États-Unis séparer le duo basse-batterie des mélodies tout en gardant sur une autre piste les voix. Cela lui permet d’incorporer encore plus d’effets sur chaque instrument, tout en ayant un confort de liberté dans le mix grâce aux énormes faders (boutons) de la console qui permettent de monter ou de baisser le son d’une piste.

A partir de 1972 Bunny Striker Lee et Lee Scratch Perry fréquentent assidûment le studio de King Tubby en même tant qu’Augustus Pablo, qui continue d’aller aussi à celui de Randy’s où œuvre un autre ingénieur de grand talent, Errol ‘ET’ Thompson.  Ils vont essentiellement chez Tub’s pour y faire re-mixer des versions et obtenir des dubs mais la qualité du son que produit Tubby les amènent finalement à enregistrer les voix des chanteurs avec lui.

C’est au 18 Dromilly Avenue qu’un grand nombre de morceaux reggae roots de la scène jamaïcaine voit le jour ainsi que leurs Dubs. King Tubby enregistre ou mixe à peu près 5 à 6 morceaux par jour, et le studio tourne tous les jours de l’année, alors imaginez le nombre de versions venues de ce ghetto de Kingston !!!

18 Dromilly Avenue
18 Dromilly Avenue

 

                       Philippe Smart – L’apprenti Dub

Après 2 années de travail acharné, le King Tubby’s Studio prend de l’ampleur et sa fréquentation est telle que son propriétaire prend avec lui un jeune ingénieur, Philippe Smart, qu’il forme à la console. On ne peut pas être maître sans élèves ! Il est le 1er apprenti à recevoir les cours et la formation du King au 18 Dromilly Avenue.

Philippe Smart est un ami d’école de Errol ‘ET’ Thompson, alors ingénieur du son au studio Randy’s du producteur Clive Chin. Après les cours le jeune Smart s’empresse de rejoindre Errol dans les locaux situés North Parade. A 15 ans il se passionne pour la musique, collectionne les disques 45t et sélecte quand il en a la possibilité dans le Sound System d’un voisin.

Philippe Smart
Philippe Smart

 

Philippe Smart rencontre Augustus Pablo à Randy’s lors de la venue du jeune producteur pour enregistrer ses morceaux.  Ils deviennent complices et c’est en accompagnant Augustus Pablo à Waterhouse pour mixer des Dubs, que Phillipe Smart rencontre pour la première fois King Tubby. Après plusieurs mois passé à traîner dans les locaux de l’ingénieur, car Smart a fini ses études, Tubby lui demande un jour d’enregistrer des prises de voix.

King Tubbys meets Rockers Uptown
King Tubbys meets Rockers Uptown

Le jeune apprenti réalise ce travail avec passion, Tubby apprécie son travail, Philippe Smart a le rythme dans la peau. Il devient alors employé du studio, enchaînant les enregistrements de voix et mixage 15 heures par jours pendant la semaine et s’occupe du pressage de dub-plates le week-end pour les sound systems.

Il racontera même lors d’un entretien avec Thibault Ehrengardt du magazine Natty Dread que c’est lui qui, au coin de la console, a écrit les paroles du morceau ‘Baby I love You So’ chanté par Jacob Miller. L’originalité de cette production, qui montre l’engouement pour le dub à cette période, tient dans le fait que la version chantée se retrouve sur la face B et le magnifique dub ‘Meet The Rockers Uptown’ sur la face A du 45t lors de sa sortie par le label Island en Angleterre.

Le morceau ‘None Shall Escape the Judgement’ enregistré par Bunny Lee avec Earl 16 fait le bonheur du Tubby’s Hi-Fi Sound System, aussi bien au niveau musical que financier car tous les sounds en veulent une version en dub-plates. D’ailleurs la sortie en vinyl instaure une tension entre Bunny Lee et King Tubby qui est très en colère de ne plus avoir l’exclusivité. Comme tout malheur porte en lui un grand bonheur, King Tubby, fâché après Lee, demande à Smart de mixer la version Dub du morceau ‘None Shall Escape The Judgement’.

None Shall Escape The Judgement
None Shall Escape The Judgement

L’élève ingénieur y enregistre même, dessus la rythmique, la voix de Johnny Clarke avec la bénédiction de Lee, certain que celle-ci est un futur hit. Ce morceau va faire toute la renommée de Philippe Smart et à partir de ce moment là il va enregistrer un grand nombre de chanteurs et mixer un nombre important de Dubs.

Smart se souvient et confie à Michael Veal en 2003 : « Quand la nouvelle console MCI est arrivée dans le studio, on a mixé plus de 200 dub-plates en une semaine. C’était un immense plaisir. »

De très nombreuses versions Dubs de ‘None Shall Escape The Judgement’ sont produites et réenregistrées dans la plupart des studios jamaïcains. Quand un morceau marche bien, les concurrents s’empressent de le faire rejouer par leur groupe résidant. La compétition est grande ouverte !!!

Philippe Smart continue de travailler avec son ami Augustus Pablo mais il va aussi collaborer avec de nombreux autres artistes comme Lee Scratch Perry, Carlton Patterson, Yabby You, Horace Andy, Wayne Jarrett. Il est à l’origine de ce que l’on appelle aujourd’hui les « extented versions », les versions longues, où il s’amuse à enchaîner sans blanc (à mixer) la version chantée et la version Dub et dont les sound systems, à l’arrivée du format 12’’ (maxi 45t), commandent en grand nombre.

Philippe Smart œuvre au 18 Dromilly Avenue jusqu’en 1975, partageant la console lors de ses absences avec Pat Kelly et Prince Jammy. En 1977 il part pour les Etats-Unis où il ouvre en 1980 l’un des studios reconnus de la scène reggae New-yorkaise HCF Studio.

Philippe Smart - HCF Studio
Philippe Smart – HCF Studio

 

On se retrouve prochainement dans « Culture Dub, L’histoire du Dub de ses origines à nos jours »  avec l’Épisode #6 : 1ère Partie : les Racines du Dub en Jamaïque (1967-1980) – King Tubby : Le Maître du Dub (part.3) !

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Big Up,
AlexDub

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