Live Report – No Logo Festival 2017 – Fraisans (39)
Déjà 5 ans que le No Logo Festival fait vibrer les massives de l’Est de la France, et pas seulement, avec une programmation toujours de grande qualité ! Culture Dub s’est donc rendu du côté de Fraisans les 11, 12 et 13 août 2017 pour vous raconter ses 3 jours de concerts Reggae, de sound system Dub et de good vibes !
La tournée des festivals se poursuit, et après un week end de folie au Reggae Sun Ska (lire le live report), une partie de la team Culture Dub a pris la direction le No Logo Festival près de Besançon. La programmation est essentiellement Reggae avec des légendes comme The Skatalites, Inna De Yard, Ky-Mani Marley, Meta & The Corner Stones, Toots & The Maytals, Twinkle Brothers et Steel Pulse… Mais aussi des artistes de la nouvelle génération tels que Raging Fyah, Chronixx, Naâman, I Woks Sound, ou encore Jahneration, Soom T et L’Entourloop aux influences Hip-Hop. Enfin, un espace renommé Dub Factory a été installé avec de grands noms de la scène Dub internationale : Zion Train, Alpha Steppa, Mahom, Ondubground, Dub Engine entre autres !
Chaque soir ont aussi eu lieu des sessions Dub Master Clash opposant deux artistes dub qui doivent chacun leur tour remixer / « tordre dans tous les sens » une tune originale de l’autre. On a pu voir Roots Raid, Fabasstone, Dub Shepherds, Antibypass et Pilah…
Vendredi :
Le festival indépendant a lieu plus précisément aux Forges de Fraisans, fermées maintenant depuis le milieu des années 1900 puis transformées en un espace culturel. C’est un cadre joli et naturel, avec des bâtiments en pierres et une immense tour. Le site est collé au centre du village et permet d’avoir tout ce qu’il faut à disposition (boulangerie, café, tabac, supermarché…), idéal !
Le temps est mitigé pour ce premier soir, mais les festivaliers sont nombreux présents au rendez-vous et font déjà la queue aux entrées ou au camping. L’ambiance est familiale, à la bonne humeur et à la rigolade… On oublie vite le train train quotidien et on se laisse aller à profiter au maximum en musique !
Toujours dans l’esprit d’alterner entre légendes du Reggae et nouvelle génération aux influences diversifiées, les groupes se produiront sur la scène Yann Carou, en hommage à l’ingénieur du son du festival décédé l’année dernière.
Nous arrivons sur le site pour le concert du groupe I Woks Sound qui a l’honneur d’ouvrir suite à un vote entre plusieurs groupes « découvertes » qui avait été réalisé sur le site du festival. Souriants et dynamiques, les deux chanteurs accompagnés de leur band interprètent des titres de leur dernier album « Sans Frontières » (2014) dont le fameux titre ‘Toi qui me juge’. Les sujets sont actuels et les intrus rythmées pour un ensemble moderne et aux vibes positifs, et le public est au nombreux à s’ambiances devant la scène. On a aussi eu le plaisir d’entendre un titre de leur prochain album dans lequel ils lancent un big up a tous ceux qui les supportent, « pour tous les rudeboys qui sont dans la danse »… On ne demande qu’à découvrir le reste de l’album !
Après une petite pause le temps du changement de scène, et voici le groupe The Skatalites qui enchaîne. Ce groupe a originellement été formé à la fin des années 60 en Jamaïque et a grandement participé au développement du Ska. Suite au décès de certains membres ou au changement de projets d’autres, on retrouve ici le groupe totalement renouvelé avec une nouvelle génération de musiciens. Cuivres, clavier, guitare et basse s’assemblent pour nous proposer un début de concert totalement instrumental. Le groupe accueille ensuite celle qu’ils appellent la « Queen of Ska », qui va poser sa voix avec passion pour continuer à réchauffer l’ambiance.
Venus remplacer Horace Andy en dernière minute, le groupe Inna De Yard que l’on a suivi partout cet été (Terres Du Son, Paléo Festival, Reggae Sun Ska) prend place, toujours avec leur sourire et leur joie de vivre inspirante ! Le mélange des légendes jamaïcaines telles que Cedric Myton (du groupe The Congos), Kiddus I et Winston McAnuff avec les plus jeunes qui prennent là relève comme Var et Kush McAnuff est magique et ressourçant. Ils alternent chacun leur tour entre micro et percussions, sans aucune hiérarchie mais simplement en famille, accompagnés de musiciens tout aussi talentueux et passionnés. Kush passe un message d’union « united we stand, divided we fall », Cedric pull up à plusieurs reprises ses chansons, puis Var et Kush rendent hommage à Matthew McAnuff avec la reprise de son titre ‘Be Careful’ qu’il avait sorti peu de temps avant son décès… Partage, respect et amour, ne serait-ce pas les choses les plus importantes de la vie ?
On poursuit avec la chanteuse Soom T qui se produit non pas backée par un DJ comme nous avons l’habitude de la voir avec Dub-4, mais accompagné d’un groupe de musiciens. Elle commence d’entrée avec le titre ‘Take a Walk’ réalisé avec Tom Fire. Comme elle sait si bien le faire, elle joue avec différents styles allant du Jazz/Blues au Hip-Hop en passant par le Reggae ou encore le Dub, le tout assaisonné avec des sonorités hindou faisant toute son originalité et sa singularité… Tout ça avec une une énergie et un talent impressionnants, elle fait monter l’ambiance d’un cran à nouveau notamment avec le fameux morceau ‘Politic Man’ qui envoie du lourd !
Direction la Dub Factory sonorisée par le sound system polyvalent Clear Sound France où Rootikal Vibes chauffent la place avec une sélection strictement vinyle, d’abord Roots puis de plus en plus Warrior. Un peu plus tard, les tant attendus Stand High Patrol prennent les commandes pour un DJ Set avec Rootystep et MacGyver aux commandes, et Merry à la trompette. Le public arrive en masse et le morceau ‘No Matter How Long It Takes’ avec la voix de Pupajim met le feu d’entrée de jeu ! Ils jouent d’abord des morceaux plutôt Roots caractéristiques de leurs différents albums, et plus particulièrement de l’avant dernier « A Matter Of Scale ». Les basses sont à fond et font trembler toute la Dub Factory pour le plus grand plaisir des festivaliers venus skanker, et la trompette en direct live fait son effet ! Entre ces nombreux titres incontournables, on a aussi pu entendre des tunes beaucoup plus Hip-Hop tirées de leur dernier album « The Shift » (lire la chronique). Pour leur fin de set, les sons les plus Warrior retentissent, avec une qualité et une puissance indéniables.
Retour devant la grande scène pour le concert de Ky-Mani Marley. Après la venue de ses frères Julian et Damian Marley au No Logo Festival, il était temps d’accueillir un troisième fils du célèbre Bob Marley ! Entre quelques titres de sa propre discographie, il semble inévitable pour lui de reprendre des titres phares de son père tels que ‘Positive Vibration’, ‘Iron Lion Zion’ ou encore ‘Is This Love’. Sa voix cassée et les rythmes dansants joués par les musiciens donnent tout de même au concert une personnalité qui lui est propre.
Pour terminer cette première soirée, nous revenons à la Dub Factory pour le duo homme/femme, et d’ailleurs couple dans la vie : Dub Engine. Lui est aux machines, elle au micro avec sa voix aiguë et perçante… Et ensemble ils nous proposent une fusion de styles très différents, allant chercher des sonorités Dub, Électro, Techno voire même Métal pour un rendu warrior et complètement décalé ! La folie qu’ils dégagent atteint tout le monde autour d’eux, artistes comme festivaliers, pour un moment de lâcher-prise bien plaisant. De quoi conclure cette première soirée comme il se doit en ce qui nous concerne !
Samedi :
Nous arrivons sur le site du No Logo Festival pour assister au concert du groupe Jahneration, élu « Révélation de l’année » à l’occasion des Victoires du Reggae 2016 organisées par Reggae.fr. Les deux jeunes chanteurs accompagnés de leur band arrivent sur scène tels une bande de potes, amplis d’une énergie incroyable directement transmise aux festivaliers présents en masse. On a pu entendre des titres de leur premier EP « The Foreword » dont le fameux ‘Reggae Love’ au refrain motivant pour débuter le show « Hands Up ! », ainsi que des titres de leur dernier album éponyme sorti fin 2016 avec ‘Lighters’, ‘No Want’ ou encore ‘Reload’. Leurs secrets ? Deux voix qui se complètent à merveille, un mélange de Reggae, Hip-Hop, Pop voire Électro/Dubstep avec ‘Deh Ya’, pour un résultat moderne et frais !
Meta & The Cornerstones prend la suite sur la Scène Yann Carou sous un beau soleil. Le chanteur sénégalais a une superbe voix qui, associée aux choristes et aux musiciens, sonne vraiment bien ! Une heure de Reggae pur, comme à ses origines, dansant et empli de vives positives. Le public est transporté…
Après avoir ouvert la Dub Factory avec le crew Dub Master Clash, on retrouve le berlinois passionné Ras Lion du sound et label Lion’s Den pour une sélection de vinyles Roots Steppa, montant progressivement la température de la scène dub et attirant progressivement les festivaliers…
Retour à la grande scène pour les légendaires Toots & The Maytals. Toots, le chanteur, est le premier à avoir employé le mot « Reggae » pour décrire son style de musique qui aujourd’hui ne cesse de se populariser ! Le groupe a été récompensé en obtenant en 2004 le Grammy du meilleur album Reggae pour l’album « True Love » sur lequel on retrouve notamment The Skatalites présents la veille sur cette même scène. Toujours aussi passionnés, ils reprennent leurs titres phares devant un public plutôt jeune, de quoi rappeler à la nouvelle génération les origines du Reggae…
C’est reparti pour la scène Dub ou on retrouve un duo qu’on aime tant : Mahom. Joris et Toinou enflamment la place en enchaînant leurs tunes toutes aussi puissantes les une que les autres, avec la Mahom touch qu’on leur connait un peu ethnique et étrange… On adore ! On a pu entendre des titres de leur dernier album « Fell In » sorti en février de cet année sur le label ODG Prod et disponible en libre téléchargement (lire la chronique). Autant vous dire qu’en direct live, avec leur folie et les basses puissantes sur le sound system, c’était maaaaad !
Ils sont suivis des tourangeaux/blésois Ondubground présents en trio cette fois puisque Olo au mix et Art-X au clavier/mélodica sont rejoints par Natty à la basse présent déjà la veille avec son projet Roots Raid dans le cadre de la Dub Master Clash. Avec leur son digital d’une puissance et d’une propreté parfaite, le trio continue dans la lancée pour réchauffer le public en ces soirs bien frais, et c’est efficace ! Ils nous on notamment joué un remix de ‘Reload’ groupe Jahneration qui a ouvert la grande scène aujourd’hui, ainsi que leur big big tune ‘W.A.R.’ qui regroupe les voix de Pupajim, Bob Marley et Joseph Cotton…
Pour clôturer cette deuxième soirée du No Logo Festival, c’est l’Entourloop qui prend le contrôle des platines sur la grande scène. Les deux DJ passent leurs productions Hip-Hop/Électro avant d’être rapidement rejoints d’un trompettiste, suivi de peu du grand Troy Berkley au micro avec son flow Hip-Hop rapide et fascinant… Les festivaliers sont déchaînés, notamment sur le fameux titre ‘Burn Dem Down’ ! L’Entourloop nous font découvrir le titre ‘Le tour de Force’ en featuring avec entre autres Skara Mucci, extrait du prochain album « Le Savoir-Faire » qui sortira en septembre et qui s’annonce être une tuerie.
Dimanche :
Après une ouverture de la Scène Yann Carou par Nattali Rize, Raging Fyah enchaîne sous un grand soleil pour ce dernier jour du festival. Le chanteur/guitariste, accompagné de son band, est solaire et souriant et répand la bonne humeur autour de lui instantanément. Tout droit venus de Jamaïque, ils nous proposent un reggae vivant, inspiré aussi de la soul et de la pop, le rendant moderne et ouvert à tous. Ce talent leur aura d’ailleurs valu une nomination aux Grammy Awards dans la catégorie meilleur album Reggae en 2016 pour « Everlasting ». Nous avons d’ailleurs pu entendre le superbe ‘Barriers’ aux paroles engagées contre l’établissement de frontières, avec une basse très présente pour plus de puissance !
Eux aussi sont jamaïcains et font partie des légendes du Reggae Roots : les Twinkle Brothers. Norman Grant est au chant, accompagné de son frère Ralston à la guitare et lui aussi au chant, ainsi que de leurs musiciens. Malgré leur grand vécu dans la musique Reggae, leurs titres restent intemporels avec des paroles conscientes toujours d’actualité, et la nouvelle génération parmi les festivaliers semble conquise.
Dans le public, l’Ensemble National de Reggae fait résonner les instruments et la superbe voix du chanteur sur des reprises reggae à leur façon de grands artistes comme Matthew McAnuff, Tiken Jah Fakoly, etc. Nous les avions déjà croisés au Dub Camp et l’orchestre ambulant est de nouveau au rendez-vous pour semer une très bonne ambiance !
Nous retrouvons le jeune jamaïcain Chronixx pour la suite, très attendu par les nombreux festivaliers. Après l’avoir vu pour la première fois au Reggae Sun Ska, il semble cette fois-ci encore plus en forme, très souriant, dansant sur les intrus reggae rythmées de son band. Sa voix est d’une justesse indéniable et rend ses titres actuels et frais. Il interprète notamment ‘Majesty’ chanté en douceur, ou encore ‘Who Knows’ originalement en duo avec Protoje dans un style plus dansant. Un très bon moment musical partagé entre l’artiste et son public…
Eux aussi étaient présents le week end dernier au Sun Ska, et Steel Pulse propose une fois de plus un concert authentique de pur Reggae légendaire. De quoi continuer à faire danser le public, toujours avec passion.
Pour le concert suivant, le No Logo a demandé cette année au fameux Naâman une « carte blanche » pour réunir les artistes mais surtout amis qui l’ont accompagné sur le titre ‘We All’ qui a fait un carton cette année. Après quelque titre de Naâman tous connus du public reprenant les paroles, on a pu voir Scars, Phases Cachées (Volodia, D’Click et Cheeko), Jahneration, Def, Mardjenal… Le public est d’une énergie incroyable en ce troisième et dernier jour, l’ambiance est folle devant le show moderne de la nouvelle génération d’artistes Reggae Français !
Nous finirons le festival à la Dub Factory ou se produit Alpha Steppa. Motivé, il donne toute son énergie au travers de ses sons digitaux, Steppa mais surtout Warrior ! Le public, mais aussi les autres artistes, tout le monde est à fond devant ce génie de la scène Dub actuelle. Un bel héritage remanié à sa manière et avec brio en tant que fils/neveu des grands Alpha & Omega…
Pour continuer dans une ambiance warrior, Zion Train prend le contrôle accompagné du MC Dubdadda. Au cours du set, les tunes ne cessent de monter en puissance et sont pleines de surprises… Neil Perch joue avec son public, en alternant les moments de calme et tout à coup des basses d’une puissance à en faire trembler le sol ! Pour notre part, c’est une fin de festival en beauté et les oreilles bourdonnantes de plaisir… Le crew Rootikal Vibes présent tous les jours fera la fermeture du festival toujours en mode original avec une sélection vinyle.
Ces trois jours de No Logo Festival ont été intensifs avec une programmation riche et diversifiée. Nous avons retrouvé avec plaisir les artistes légendaires des origines du Reggae, aux côtés d’artistes de la nouvelle génération prêts pour la relève chacun dans leur style. Le site du festival, les bénévoles, les artistes et les festivaliers ont fait de ce week-end un moment très agréable, musicalement fort et familial, avec une mention spéciale pour le côté indépendant du festival, que l’on apprécie et que l’on revendique chez Culture Dub.
Nous attendons l’année prochaine avec impatience avec on l’espère une programmation un peu plus exclusive, différente des autres festivals côté scène Reggae. Un gros big up concernant la scène Dub qui a pris une place importante pour cette édition, avec un public bien plus nombreux qu’on aurait pu l’imaginer !
Merci à l’organisation et big up à tous les artistes présents !
Live Report et Photos : Ti Kaya
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