Max, Kaya Natural Sound System – Interview Culture Dub – 24h:Sono, 100% Sound System
À l’occasion de la nuit 24h:Sono, 100% Sound System organisée par le Kaya Natural Sound System le 28 Mars 2020 du côté de Listrac-Medoc avec entre autres Johnny Osbourne, Lone Ranger, Roots Zombie et Dub Browser, AlexDub a interviewé Max, fondateur du crew, pour nous parler de ce projet et de sa vision du Sound System, inna Culture Dub !
Salut Max, merci de répondre présent pour cette interview made in Culture Dub dans le cadre de la soirée que tu organises le 28 Mars prochain du côté de Listrac-Medoc !
CD: Pour commencer, peux-tu te présenter ? Car tu n’es pas un jeune passionné qui débarque dans le Sound System Dub, mais plutôt un activiste de longue haleine…
K: Max alias Kaya alias Kilo Alpha pour le réseau : je suis le commandant de bord du Kaya Natural Sound System depuis un peu plus de 15 ans maintenant, créateur de la structure SudPrim qui apporte soutien et logistique pour les autres activistes, sound system crew et organisateur de la région Nouvelle Aquitaine. Avec comme base de départ pour nos opérations, le coeur Médoc au Nord-Ouest de Bordeaux, nous disposons d’un très large rayon d’actions.
CD: Comment t’es venue cette passion pour le Dub et le Sound System ? Quelles sont tes influences ?
K: Comme beaucoup d’acteurs du mouvement ou juste massive, en rentrant dans un dancehall et se faire percuter par la musique qui y est jouée… À l’époque (cela fait vieux #2ouf) le premier Sound System que j’ai découvert posait la session dans une petite cave du centre de Bordeaux et il n’y avait pas de grosse section de scoops, juste deux basses reflex et des enceintes préamplifiées « that all » et reliés à l’autre bout des centaines de 45 Tours et une seule platine… Je pratiquais le scratch de manière intensive et m’entrainais au pass pass et juggling hiphop toute la journée à ce moment de ma vie et BAM une platine avec une sélection minutieuse te remet tout ce que tu crois et penses en question… On est dans le milieu des années 2000 donc RASTA contrôle la dance, que des cruciales tunes qui te font dire « haaa mais oui çà c’est du reggae !!! » Alors que ta culture est aussi étoffée qu’un magazine télé Z (ref de vieux ), les odeurs d’encens antillais, de ganja, du ital en vente à l’entrée plus les basses profondes et généreuses, tu mets un Mc chanteur investi comme jamais dans le Roots and kultcha et tu as le cocktail de la passion. A partir de cette première danse de 6h qui m’en parue à peine 30 minutes, toutes les personnes que j’ai checké dans ma vie ou avec qui j’ai échangé, m’ont influencé d’une manière ou d’une autre…
CD: Quand on connait les contraintes, l’entretien, les problèmes de stockage, les déplacements, etc… pourquoi construire son propre Sound System ?
K: Ca sonne comme un vieux gimmick mais… à l’époque … il y a à peine MySpace qui se développe réellement. YouTube c’était des vidéos en low low low résolution, donc se dire je vais construire mon sound s’est fait plus par opportunité. On te propose un petit set, des enceintes par-ci, un ampli par-là, tu piges l’économie et la science du son. A ce moment là j’ai 18 piges je sors du cursus normal scolaire et je vais me former à l’audiovisuel, donc pouvoir faire ce que je veux avec mon system face aux professeurs et maître de stage Gourou de la sainte technique parfaite et une super définition de la liberté et sur le moment, je n’ai absolument pas cerné que j’entrais dans la meilleure école qu’il soit. La « raggamuffin school » ! Et avec les années, entre prestations et autres régies, plus le sound system, on arrive à optimiser avec le moins possible. Ceci dit comme c’est un choix de vie aujourd’hui avec le matériel accumulé on a plus de solutions que de contraintes .
CD: Cherches tu à diffuser ou partager un message avec les gens qui viennent aux sessions, est-ce juste un plaisir musical ? dis-moi ?
K: Le message premier c’est vraiment partager le LoVe . Partager des vibrations positives, mais surtout mettre en avant toutes les actions qui le permettent. On ne lésine pas sur le travail et personnellement j’aime être sur tous les fronts pour pouvoir échanger avec les personnes qui se sentent à l’aise sur tel ou tel poste, ce qui demande énormément d’énergie. Mais même toi Alex tu as remarqué que dès la première seconde de musique diffusée l’embrasement de joie de toute cette énergie par la concrétisation des actions, fait évaporer en un battement toute la fatigue, les doutes et les craintes ! Et lors du premier retour de la foule qui te hurle de remettre le morceau tu sais pourquoi tu es là. Et juste çà… le partager honnêtement, peu importe la musique que tu joues tu sais pourquoi tu fais ce que tu fais. Et donner aux autres l’envie d’en faire autant.
CD: Avec le KN2S tu as déjà un beau parcours, peux-tu nous raconter quelques sessions, et laquelle serait ton meilleur souvenir à ce jour ?
K: Aloooors là… On a tellement de sessions de formats différents depuis tout ce temps, on a pas mal tourné en mode commando à enchaîner les sessions entre deux points séparés de centaines de kms et n’avoir que 12h pour faire le run. Accueilli beaucoup de références que ce soit de la scène Reggae ou la scène Bass Music, fait énormément de sessions longs courriers dans lesquelles 12 à 13h c’est le minimum de temps de jeu, les heures de freestyle, d’échanges musicaux ou de réflexion musicale…, j’ai commencé, je jouais tous les jeudis dans les caves de la ville, des milliards de blagues douteuses de jeux de mots bancales, juste sur ces cinq dernières années on aurait fait une session sur la lune avec les kms cumulés. Cependant quand un de tes » tontons » t’envoie prendre le mic avec une de tes toutes premières influences avant même que tu te dises que le mot DUB existe. Et tu te retrouves avec le master Scientist qui te dirige en tant que singjay pendant qu’il Dub les plus gros classiques du Reggae Dub sur le mur de Sinaï à fond ! Et pas se faire dégager ?, se faire payer le Hennessy pour rebooster la voix vu que la session fait 3h et que j’ai déjà 3 jours de régie sur mon sound dans les jambes et donc dans la voix, cela restera un des moments les plus intenses de ma vie de soundMan !
CD: Tu es aussi selecta, quel est le style de musique que tu affectionnes le plus pour diffuser sur ta sono : Roots, Reggae, Dub, Steppa, Electro Dub, Digital etc… ?
K: Mon gros plaisir perso c’est le rubadub des 80’s. Je suis né en 1987 donc j’ai grandi en région parisienne avec cette sonorité. Mais j’ai une passion pour le son et toute cette forme que ce soit de la pure musique jusqu’à l’expérimentation la plus abstraite. Et donc le principe de SpaceShip qui se balade dans un univers de matières sonores me permet de pouvoir vraiment tout jouer. Même si le crédo à bord et le groove et l’alchimie du dancehall donc je peux commencer un set avec de la fondation deep roots, te balader du rocker au boggle en faisant un petit encart vers du ragga urbain bien actuel. Pour glisser dans la nuit, dans les segments plus instrumentaux et donc souvent les rythmes steppers prennent le dessus mais il n’y a jamais une sélection préparée … c’est de l’improvisation spontanée. En fonction de là où on est, de qui on a en face, pourquoi on est là … le seul mot d’ordre c’est de faire se déhancher les gens présents (pour rester dans le politiquement correct)
CD: En plus de t’occuper du KN2S et de sélecter, tu es aussi organisateur, que cherches tu à partager avec le public ? Comment se fait le choix des artistes que tu fais venir ? Où organises tu ?
K: Oui en tant que propriétaire de sound, je suis face à une économie, donc soit mon sound dort, soit mon sound est actif. Et si son but c’est de diffuser de la musique on doit tout mettre en place pour qu’elle soit entendue … dans cette culture. Il n’y a aucune place pour les phrases genre « nooon mais les autres vont s’en charger » si tu ne le fais pas et motives des gens à le faire avec toi, soit sûre que personne ne le fera pour toi. Donc on se bouge et c’est le message premier que l’on cherche à faire passer à chaque action, ce qui implique que l’on a souvent des forces vives proches sur les line up et on agrémente de petites touches dans l’esprit toujours plus attrayante pour les massives. Je commence avec une jeune association à développer notre secteur médocain MAY’ASSO, terre de naissance du Reggae Sun Ska qui nous a vu naître mine de rien… Suivi et soutenu pendant toute cette année on a la possibilité d’offrir des événements à l’année sur notre territoire en total autonomie car l’économie des sounds n’est pas la même que ces grosses institutions.
CD: Justement, fais tu appel à des subventions, ou es tu dans une gestion plutôt « saine » et respectueuse de la philosophie du Do It Yourself ? Est-ce une grosse équipe, avec de nombreux bénévoles, ou plutôt un petit comité d’activistes qui se connaissent bien et savent ce qu’ils veulent ?
K: 100% indépendant, et souvent en comité restreint on travaille en famille et en clan, toutes les tribus de toutes les couleurs sont les bienvenues dans nos actions et aujourd’hui on a une très grande famille et de respect mutuel d’énormément de clans. On se respecte tous les uns les autres, car faire des actions aujourd’hui n’est plus possible si le profit et un but… Il est une réalité, car nous fonctionnons sans subvention, grâce à la SAS SudPrim. Et dégager le budget entre le sound et les organisations n’est pas toujours facile, on a toujours des travaux de régie ou de transport extérieur pour sortir des fonds… Pour ma part je trouve plus sain la politique du travail 24/24 7/7 365 jours pour ce que tu aimes et te passionnes, que de se manger les noix à organiser un événement qui ne nous parle plus vraiment, juste parce qu’on a le salaire justifié par les subventions et que le confort est agréable ou alors faire des prestations DJ champion tous les samedis pour mon intermittence… On est Humain donc le temps est vraiment précieux « pas l’temps de niaiser » de l’alpha à l’oméga d’un sound tout est électrique on se branche sur du 64 Ampères le soir… Juste au cas où les gens demandent, on ne dort pas, on se recharge.
CD: Pourquoi organiser une sessions de 24h de Sound System le 28 Mars prochain ? Peux tu nous parler de cette soirée, de la programmation ?
K: Pourquoi ? Parce que l’on peut avoir une salle de spectacle récente à la campagne mise à disposition par la mairie, pour une exploitation de ce genre c’est vraiment un cadeau, et je ne les remercierai jamais assez de nous permettre de proposer ce nouveau concept de 24H non stop. Il y a bcp de personnes avec qui j’aime travailler qui vont venir chauffer les 8 scoops de la sono en début de soirée c’est les massives qu’on va faire monter en température avec un segment de sound system typique des Lawn jamaiquains avec des anciennes équipes et nouvelles, s’échangeant sélections et dubplates, avant que Soul Stereo accompagne Johnny Osbourne et Lone Ranger pour embraser la place comme le god father du dancehall et son homme de main, deejay le plus efficace. De quoi présenter la partie Reggae de la culture sound system dans sa plus belle forme… après j’ai contacté les amis de longue date du label Bass Music SoundRising pour conduire le vaisseaux au confins de l’univers Dub. Avant de reposer le KN2S pour un sunday Reggae morning où nous ouvrirons les portes du vaisseau et je vais pouvoir jouer du disque jusqu’à midi . Il y aura tout pour se restaurer sur place et dans les commerces du village de Listrac-Médoc.
CD: Quels sont les projets à venir pour le KN2S ? As tu des rêves ? Qui aimerais-tu faire jouer sur ta sono ?
K: Je vis tellement un rêve éveillé depuis des années que la volonté primaire est de continuer cette aventure. Je me couche tous les soirs satisfait du travail accompli, malgré le monde étrange dans lequel on évolue je suis confiant pour mes proches et ceux avec qui j’échange et me réveille avec toujours la même foi et énergie que quand les elders m’enseignaient les réflexions pour « Buuurn Babylon« . Maintenant j’ai la chance de pouvoir le transmettre en plus, avec l’accompagnement et le développement mis en place par SudPrim, donc énormément de travail et d’actions positives sont en cours. On le donne en exclu pour Culture Dub, le 12 Juin 2020 6 scoops au BT59 pour une Dub to Deep Dubstep. Encore un super voyage en prévision!
CD: Merci Max pour ta disponibilité et cette interview instructive… Plein de forces pour cette 24h:Sono, 100% Sound System et tous les projets à venir avec le Kaya Natural Sound System !
K: Merci Alex Laaaarge up pour les 20 ans d’action, real influence !
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