Live Report – Reggae Sunday Church – Théâtre du Vieux Saint-Étienne, Rennes (35) – Un dimanche à l’église pas comme les autres !

Dimanche 8 septembre 2024, je me dirige vers l’église du Vieux Saint-Étienne, en plein centre-ville de Rennes. A première vue, l’on pourrait penser que j’y vais dans l’optique de louer le bon Dieu, mais ce serait mal me connaître puisqu’il s’agit plutôt de prendre une bonne dose de fréquences basses sur la sono des vétérans Legal Shot Sound System, en compagnie de Jam’N’Joy, pour une session Reggae Sunday Church 100 % locale et atypique… Un report à retrouver inna Culture Dub grâce à Raphaël et Cess !

Reggae Sunday Church

 

Mais alors, qu’est-ce que c’est que cette histoire de Sound System dans une église ? Le Théâtre du Vieux Saint-Étienne est une ancienne église réhabilitée en salle de spectacle et qui accueille quelques festivals. Legal Shot a tenté sa chance pour louer la salle et ça s’est fait ! Après bientôt 25 ans d’activité, le crew est toujours présent dans la scène rennaise et frappe un grand coup en posant 4 scoops dans une église !

Théâtre du Vieux Saint-Etienne

En invité, nous retrouvons Jam’N’Joy, un crew très actif à Rennes depuis 10 ans, qui organise des soirées avec un large éventail de style, allant de la musique des Caraïbes et du Rocksteady jusqu’au Shatta Dancehall, en passant bien entendu par le Reggae ! Une partie du crew est aussi à l’initiative de l’émission de radio hebdomadaire Put Hit On où sont régulièrement invités des selectas du coin.

Session dominicale oblige, les portes ouvrent tôt, à 14h. J’arrive après 16h, bien trop tard pour pouvoir profiter du warm-up. Jam’N’Joy est en place et j’ai le temps d’écouter les dernières tunes du set. Le crew est composé de trois selectas : DJ Chelmi, Cess et Pierro. Si Legal Shot joue sur une platine dans la plus pure tradition anglaise, Jam’N’Joy joue de son côté avec deux platines, préférant enchaîner les tunes en mode juggling. Je prends le temps de faire le tour de la salle, plongée dans l’obscurité avec quelques lumières qui éclairent les voûtes, l’ambiance n’est pas banale. Les massives sont au rendez-vous car la salle est déjà bien remplie, mais il y a suffisamment d’espace pour circuler librement et cest très agréable. Côté acoustique, je ne savais pas à quoi m’attendre et fort heureusement la sono sonnait au poil.

Les deux crew vont enchaîner chacun leur tour des set de 30 minutes. Legal Shot reprend le contrôle vers 16h30 et l’on retrouve Paco et Matty derrière la control tower. Ils démarrent Roots avec les Abyssinians et enchaînent avec une sortie récente d’Ashanti Selah, ‘Organs Man’. La sélection est variée et après quelques tunes Stepper énervées on peut très bien revenir sur du gros Roots 80’s.

Jam’N’Joy

La danse est déjà bien lancée lorsque Jam’N’Joy revient. Sans transition, Cess nous embarque dans une sélection Digi/Dancehall diablement efficace. Nous voici transportés à la fin des années 80, une époque où le Digital était en pleine explosion et a posé les fondations du Dancehall moderne. Et il y a des amateurs dans la salle, à en juger par l’ambiance euphorisante dans la danse. Je me suis particulièrement régalé à l’écoute de ‘She’s Mine’ de Barrington Levy et ‘Sweetest Sound’ de Sanchez. Pierro prend le relais et pousse un peu plus loin le curseur du Dancehall avec des tunes aux rythmiques cadencées typique du genre.

Pour le set suivant de Legal Shot, Matty laisse sa place à Polak pour l’animation et Paco reste à la sélection. Celle-ci s’oriente vers des productions Digiroots qui flairent bon les années 2000. En témoigne la big tune ‘Angel Eyes’ de Beres Hammond, sur le fameux riddim de ‘Skylarking’. La thématique Lovers associée à la douce voix de Beres Hammond donne une toute nouvelle dimension à ce riddim maintes et maintes fois repris. Durant le set, on retrouve d’autres chanteurs qui ont marqué cette période, tels Mikey General et Luciano.

Legal Shot Sound System

Après ces deux set très dansants et festifs, DJ Chelmi du Jam’N’Joy change radicalement de registre avec du Deep Roots 80’s, notamment ‘Manners & Respect’ de Tapper Zukie et ‘Johnny Brown’ de Lacksley Castell. Cette sélection en aura surpris plus d’un parmi les massives car il est rare que Chelmi sorte ce genre de disque, et cela a fait mouche dans la danse. Le Digital fait ensuite son retour dans la sélection avec un juggling de trois tunes sur le même riddim : ‘Why You Do It’ de Carlton Livingston, Rough Wine’ de Sluggy Ranks (et je n’ai pas trouvé la troisième, personne n’est parfait). On continue dans la même veine avec notamment la big tune ‘Rub-A-Dub In My Benz’ de Mikey B et ‘Young Girls Life’ de Screw Driver. Mention spéciale pour le Mikey B qui a particulièrement retourné la danse !

Dernier set de Legal Shot avant de passer au traditionnel dub-fi-dub. Nous retrouvons Electrophil à la sélection, accompagné de Polak à l’animation. Pour commencer, Polak nous joue un superbe dubplate de Wayne Smith sur le riddim de ‘Time Is A Moment In Space’, puis Electrophil nous embarque dans un voyage musical 100 % UK ! Il commence en douceur avec un Roots lent et lourd, ‘Ital March’ de Petah Sunday, sorti récemment sur le label I-Tal Soup. C’est un superbe morceau instrumental avec de jolies mélodies à la trompette et un petit solo de guitare jazzy du plus bel effet. Impossible pour moi de résister ! La sélection embraye ensuite sur du UK Stepper instrumental, autant sur du format vinyle que du dubplate numérique. Electrophil va parfois jusqu’à jouer des tunes très sombres, et c’est assez inhabituel sur la sono de Legal Shot. Mention spéciale pour le ‘World Dominion Dub’ des Twinkle Brothers !

Jam’N’Joy

Il est déjà 19h et c’est l’heure du dub-fi-dub ! Les big tunes s’enchaînent sans relâche et l’ambiance est électrique dans la danse. Cess du Jam’N’Joy met à l’honneur la gent féminine avec le titre ‘Rebel Daawtaz’ de Aza Lineage, sur une grosse production Roots d’OBF. Electrophil de Legal Shot nous gratifie encore de quelques tunes UK bien obscures, ainsi qu’un dubplate ravageur des Twinkle Brothers. Chelmi du Jam’N’Joy nous joue une production locale et récente, ‘Rub A Dub Party’ de Peter Youthman, sortie sur le label d’Induhman, Bad Indian Records. Matty de Legal Shot reste dans le thème avec un titre du prochain album Legal We Legal’ à sortir sur leur label. La session se termine avec un titre d’Assassin pour Jam’N’Joy, à la vibe Hip-Hop très appréciable et en réponse à cela un dubplate de folie pour Legal Shot.

Les massives quittent donc le temple à 20h, et comme l’a si justement dit Chelmi pendant la session, c’est bien la première fois qu’on se retrouve tous ensemble à l’église un dimanche ! Ce fût une session historique, n’ayons pas peur des mots, et qui restera à coup sûr gravée dans la mémoire des massives. Comme d’habitude, Legal Shot nous a régalé, tant sur la qualité de la sono que sur la sélection. Le fait d’enchaîner des set 30 minutes a permis de montrer des facettes différentes du crew et cela a été grandement apprécié. De même, chaque selecta du Jam’N’Joy a pu s’exprimer pleinement et a propagé une vibe tout à fait en adéquation avec son nom.

Big up Legal Shot et Jam’N’Joy !!!

Texte: Raphaël
Photos : Raphaël & Cess

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