Le vendredi 17 mai 2024 se tenait à Coësmes une édition spéciale des soirées Friday Night Jamboree, réunissant Roll&Record accompagné du chanteur Lasai, I-Conic Roots et Ruff A Dub Sound System qui avait sorti les 4 scoops pour cette session mêlant Deep Roots, Dub, Digitally et Stepper… Raphaël y était et vous fait un retour sur cette folle nuit, agrémenté des clichés de Klervi inna Culture Dub !

A l’origine, la Friday Night Jamboree est une résidence organisée par Roll&Record dans un bar du centre-ville de Rennes avec un bout de sono. C’était devenu un rendez-vous récurrent des massives du coin, tant il était rare de voir un Sound System en plein centre-ville. Malheureusement, suite à des plaintes du voisinage, la résidence a dû cesser… Mais il en fallait plus pour décourager Roll&Record de continuer à organiser ces soirées. Et parce que l’union fait la force, il s’est associé à deux autres crews pour organiser une édition de grande envergure ! I-Conic Roots s’est chargé de la logistique sur place, de la billetterie et du bar. Nous les retrouverons également derrière la sono pour assurer le warm-up. Côté sonorisation, les rennais du Ruff A Dub Sound System ont amené la sono complète, à savoir 4 scoops. Et la tête d’affiche est le chanteur Lasai, venu directement d’Espagne !

La soirée a lieu dans une salle assez mystique et tout à fait atypique, juxtaposant un dojo d’arts martiaux et un garage. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que nous retrouvons I-Conic Roots et Ruff A Dub dans cette salle (lire le report). La sono est disposée en deux stacks de part et d’autre de la salle et la control tower se trouve au milieu. Cela crée une belle sensation d’espace et laisse tout le loisir aux massives de se déplacer pour trouver son spot favori pour danser.

J’arrive vers 22h, tout juste à temps pour la dernière tune du warm-up assuré par I-Conic Roots, le fameux ‘Fire De A Town’ de Novelette Barnett. Mes sources déjà sur place m’ont indiqué que le crew a proposé un set axé deep Roots des plus solides, de quoi bien se mettre en jambe pour la soirée.

Ruff A Dub Sound System prend ensuite le contrôle pour un set d’1h30 et démarre avec un classique du grand Dennis Brown, ‘Easy Take It Easy’. L’opérateur se fait un malin plaisir de jouer le disque sans les basses, ainsi nous sommes d’autant plus frappés lorsqu’elles apparaissent sur la tune suivante. Très vite, des productions Digiroots retentissent, d’abord avec l’excellent ‘Ease Up’ de Delroy Wilson, tout droit sorti des années 80, suivi de deux dubplates récents du producteur breton Iko Box, qui toutefois sonnent tout à fait dans le style des années 80 et qui m’ont fait penser à du Mad Professor. On reste ensuite sur du dubplate style, mais retour aux années 70 avec Johnny Clarke et le titre ‘Sinners Repent’. Nous voici donc reparti sur du gros Roots. Nous avons notamment l’immense plaisir d’écouter le terrible ‘Ark Of The Covenant’ d’Askumites, et sur le pressage original ! Au rayon des obscurités, le crew passe également un dubplate 80s sur acétate de King Tubby, dans la plus pure tradition des mix Dub de l’époque, un Roots lent et lourd mettant l’accent sur le couple basse/batterie, que du bonheur ! Le set évolue ensuite vers des productions UK des années 90/2000. Je me suis particulièrement régalé à l’écoute de ‘Journey On’ de Roger Robin et produit par Jah Shaka, un gros One Drop des plus efficaces, ainsi que ‘I Am The God Of Love’ de King Pin et produit par Mad Professor. L’ambiance est déjà électrique dans la danse ! Après cela, le Roots est de retour avec la big tune ‘Who’s Gonna Get Caught’ de Vivian Jones. S’ensuit une production du crew, la première fois que j’en entends une jouée sur la sono, un instrumental sobre dans le style Rocksteady, et ma fois cela sonne très bien ! Affaire à suivre, nul doute que d’autres productions vont sortir du studio des Ruff A Dub à l’avenir. Le set touche bientôt à sa fin et un classique de la sélection du crew retentit : ‘Rastaman In Control’ de Sun I Tafari. Comme à chaque fois, cette tune fait un carton et retourne la danse !

A 23h30, Roll&Record prend place avec Lasai au micro et c’est parti pour une avalanche de dubplates ! On démarre avec un pre-release de Roll&Record décliné en deux versions vocales killer de Peter Youthman et Tenna Irie, ce dernier parlant du long chemin à parcourir pour maîtriser l’art du toasting (‘Come a long way fi go deejay’). Lasai lance directement les hostilités sur la version de ce riddim à la vibe irie et à la limite du Lovers. La vitesse de croisière est donc tout de suite lancée, les massives sont bouillants et très réceptifs aux interventions de Lasai, ils manifestent volontiers leur joie d’être là. On sent une belle complicité entre Roll&Record et Lasai, ce dernier prenant parfois le contrôle pour jouer avec le volume et appuyer ses interventions au micro. Ceux qui suivent les activités de Roll&Record savent que les deux compères ont déjà collaboré de nombreuses fois par le passé, que ce soit en studio ou en session, il est donc peu étonnant de voir une telle fluidité à l’oeuvre. Le set est très dynamique et ne se concentre pas uniquement sur des productions de Roll&Record. On a autant droit à des riddims lancinants que du Digital bien rapide et calibré pour la danse. A noter le passage d’un titre exclusif de la chanteuse américaine Mara Sue, ‘My Selecta’, sur un riddim Rockers lancinant et cuivré des plus classes.

Après une petite pause, je retourne dans le son alors que Ruff A Dub a déjà entamé son second set. Nous voici parti pour une grosse sélection Digiroots typée années 2000. Moi qui suit très friand de cette période, je suis aux anges. Des productions plus récentes viennent aussi se glisser dans la sélection, avec notamment un terrible vocal de Prince Jamo. Pour la fin du set, on retourne sur du bon vieux Roots avec deux gros killer : ‘Proverbs Extraction’ de Pablo Moses et ‘Resurrection’ de Dizzy Flemming. En particulier, ‘Proverbs Extraction’ met une grosse vibe dans la danse, le pull-up est de rigueur. Personnellement je ne me lasserai jamais de cette ligne de basse, un moment fort.

Vers 02h00, c’est le retour de Roll&Record pour son second set. Il démarre avec un très bon dubplate nominatif de Kiko Bun sur un gros Roots moderne, où le chanteur reprend les paroles de ‘Shy Man’, big ! La sélection s’échauffe et permet aux massives de donner tout ce qu’ils ont dans la danse. Tout comme le premier set, grosse ambiance dans le public et cela fait plaisir à voir !

A 03h15 vient le temps du traditionnel Dub-Fi-Dub pour clôturer la soirée. Ruff A Dub démarre avec une big tune Roots très recherchée des collectionneurs, ‘Suffering’ de Jasaro People. C’est intense derrière la control tower, la danse est pleine d’énergie et le crew en profite pour faire une dédicace à tous les boxmen et les acteurs de l’ombre qui apportent leur soutien au crew. Pour sa deuxième tune, Ruff A Dub change drastiquement de registre avec un gros One Drop UK, ‘Can’t Take No More’ de Jah Warrior, et glisse une troisième tune UK Stepper bien énervée. I-Conic Roots enchaîne derrière avec le classique ‘Cyan Tan Ya’ de Jerry Lionz et un Roots instrumental qui retourne la danse. Retour au UK Stepper pour la troisième tune, dans un style méditatif avec une version Dub jouée de bout en bout. Vient le tour de Roll&Record qui nous fait changer de registre avec un vocal féminin très classe suivi d’une version cuivrée du plus bel effet. On enchaîne sur du gros Rub-A-Dub avec un recut du ‘Travelling So Long’ de Don Carlos, où l’on retrouve Peter Youthman au chant. Votre humble serviteur s’eclipse avant la fin du Dub-Fi-Dub, mais nul doute que la session s’est terminée sous les meilleurs hospices !

Avec ce genre de session, tout porte à penser que la relève est assurée pour la scène Sound System de la région rennaise et c’est une très bonne nouvelle. Quel plaisir de pouvoir profiter d’une nuit entière dédiée à la culture Reggae sur une belle sono artisanale. Big up à I-Conic Roots, Ruff A Dub, Roll&Record et Lasai de nous avoir régalé !!!

Texte : Raphaël
Photos : Klervi