Culture Dub – L’Histoire du Dub de ses origines à nos jours – Épisode #8

AlexDub, activiste de la scène Dub depuis les années 90’s, vous partage en plusieurs parties sa passion pour l’Histoire du Dub de la Jamaïque des années 60’s jusqu’à aujourd’hui… « Culture Dub, L’Histoire du Dub de ses origines à nos jours » . 1ère Partie : les Racines du Dub en Jamaïque (1967-1980) – Une histoire de producteurs et d’ingénieurs du son ! (part.2)

Culture Dub - L'Histoire du Dub de ses origines à nos jours
Culture Dub – L’Histoire du Dub de ses origines à nos jours

 

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1ère Partie : les racines du dub en Jamaïque (1967-1980)

3) Une histoire de producteurs et d’ingénieurs du son (part.2)
Carlton Santa Davis
Carlton Santa Davis

Producteur : Bunny Lee
Ingénieur    : King Tubby
Groupe      : The Aggrovators

(…Suite)

Bunny Lee est donc celui grâce à qui le Dub voit le jour dans le studio de son ami ingénieur électricien King Tubby suite à leur virée du côté de Spanish Town lors de la fameuse soirée où Ruddy Redwood joue le 1er Dub-plate instrumental. Avec le batteur Carlton Santa Davis, batteur des Aggrovators, il développe le son « Flying Cymbals » sur l’enregistrement du morceau ‘None Shall Escape the Jugement’ de Johnny Clarke, inspiré de la scène soul et disco américaine. Le son « Flying Cymbals », que l’on retrouve sur de nombreux albums Dub, est la marque de la collaboration entre le producteur Bunny Lee et l’ingénieur King Tubby.

None Shall Escape The Judgement
None Shall Escape The Judgement

Le maître du Dub se sert des « cymbales volantes » (tiissst… tiissst… tiissst… tiissst…) pour rythmer ses morceaux, les met en avant des autres instruments, et les mixe comme un jeu de question réponse avec les mélodies, agrémentés de puissantes réverbérations. C’est aussi Striker Lee qui transforme le studio de Tub’s au 18 Dromilly Avenue en multipiste en lui faisant acheter son premier enregistreur 4 pistes qui lui permet de mixer différemment et d’imposer  son nouveau style musical. Pour toutes ses raisons, Bunny Lee devient le producteur et employeur principal de King Tubby et lui passe de nombreuses commandes de Dub.

Bunny Lee raconte à Lloyd Bradley lors d’une interview : «  Dès la première fois où j’ai rencontré King Tubby et que je l’ai vu travailler, j’ai su que c’était quelqu’un qui avait un grand potantiel. (…) Il pouvait faire sauter les passages où quelqu’un chantait une fausse note et mettre en avant un autre instrument ou tout faire sauter pour obtenir un pur riddim basse/batterie. (…) Il faisait tout ça en direct. (…) Tu le regardais, c’était comme de regarder un conducteur de travaux ou un chef d’orchestre au travail. (…) S’il faisait douze mixes d’un même titre, tu obtenais douze versions différentes. »

King-Tubby meets The Aggrovators At Dub Station
King-Tubby meets The Aggrovators At Dub Station

Bunny Lee enregistre ses chansons avec ses musiciens dans différents studios de Kingston, et se rend dans le quartier de Waterhouse avec les cassettes de ses riddims, les met dans les mains de son ami Tubby et laisse le maître les déstructurer, les mixer avec de nombreux effets sur les pistes de mélodies et du chant, les dubber. Striker Lee aiguille de temps à autre Tubby en lui conseillant de ne pas se limiter, d’aller toujours plus loin dans l’introduction de réverbérations et d’échos dans les versions pour les rendre plus excitantes lors de leur diffusion. Bunny est un passionné, mais aussi un créatif, il aime le renouveau du son produit à Waterhouse et participe toujours aux sessions.

Le roi de la console et le très actif producteur  seront à l’origine tous les deux de nombreux morceaux de la scène reggae jamaïcaine que l’on retrouve en versions dub sur le premier 33 tours signé King Tubby et produit par Bunny Lee, « Dub Master : Dub From the Roots » avec les re-mixes des versions chantées par Horace Andy et les Abyssinians. Il sera suivit quelques mois après par « Dub Master : ‘The Roots Of Dub« , réédités de nombreuses fois. La même année il sort  « Creation Of Dub – King Tubby meets The Aggrovators At Dub Station » qui contient les versions de l’album « Creation Rebel » où le style “Flying Cymbals” joué par Carlton Santa Davis prend tout son ampleur et dont les cuivres sont arrangés par Tommy McCook.

Bunny Lee au milieu des années 70 reprend le petit studio de Joe Gibbs, autre producteur, situé à Duhaney Park quand celui-ci est en pleine reconnaissance et se fait construire de nouveaux locaux. Bunny Striker Lee est celui qui a produit le plus grand nombre d’albums de Dub en Jamaïque et ses tiroirs contiennent encore des enregistrements de nombreuses versions !

King Tubby The Dub Master presents The Roots Of Dub
King Tubby The Dub Master presents The Roots Of Dub

 

Producteur : Clive Chin
Studio        : Randy’s Studio
Ingénieur   :  Errol ‘ET’ Thompson

Randy's
Randy’s

Après une année passée dans le Studio One de Sir Coxsone Dodd où il travaille avec Sylvan Morris, Errol ‘ET’ Thompson rejoint le studio Randy’s (Dennis Brown, Junior Byles, Fred Locks…), basé sur l’avenue North Parade appartenant à la famille Chin, d’origine chinoise. Clive Chin et Errol étaient scolarisés tous les deux dans la même école, en classe artistique. Les frères Clive et Tony Chin sont aussi des musiciens, le premier percussionniste, le second guitariste.

Clive Chin
Clive Chin

Vincent Chin tient un bazar au début des années 60 au 17 North Parade à Downtown Kingston. Il y vend du matériel électronique  ainsi que quelques 45 tours et fait le tour de l’île pour remplacer les disques dans les juke-boxes des cafés. De nombreux musiciens fréquentent le quartier proche de la fameuse Orange Street. C’est au-dessus de son magasin qui devient une des principales boutiques de ventes de disques de la capitale que Vincent Chin construit le studio Randy’s dans lequel Clive et Tony Chin supervisent les enregistrements des morceaux avant de les tester sur les clients au rez-de-chaussée. Au milieu des années 70 le studio Randy’s est un des lieux d’enregistrements les plus fréquentés en Jamaïque. Il ouvre 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et les producteurs Bunny Lee, Clancy Eccles, Derrick Harriot, Herman Chin-Loy ou Lee Perry s’y retrouvent souvent.

Wet Dream
Wet Dream

Les deux frères font appel à Errol ‘ET’ Thompson pour ré-équiper à neuf leur studio. Grâce au matériel de qualité et d’un enregistreur 4 pistes mis à disposition par Vincent et Clive Chin, Errol, dès 1969,  donne de l’importance au mix des superbes instrumentaux reggae enregistrés. Il a d’ailleurs fait ses preuves en mixant le magnifique morceau ‘Wet Dream’ de Max Roméo à Studio 1 pour Clément Dodd quelques années plus tôt. Clive Chin et Thompson sont très complice, c’est Errol qui s’occupe le plus souvent  d’enregistrer les morceaux joués par les musiciens du groupe de studio les Impact All Stars et Clive Chin le rejoint pour l’arrangement et le mix. Errol T met de plus en plus en avant les deux fers de lance du dub, la basse et la batterie et en y incorporant de temps à autre des introductions de claviers, guitares et autres instruments composant la mélodie.

Effectivement, pendant que King Tubby cherche à mixer les versions avec ses effets (phaser, delays, réverbs), Errol ‘ET’ Thompson, lui s’éclate avec les boutons de la nouvelle console, et découvre le bouton « mute » qui permet de fermer ou d’ouvrir n’importe quelle piste là où il le souhaite dans le morceau et donc de mixer suivant son « feeling », ce que très vite découvre Tubby avec le 4 piste que lui achète Bunny Lee.

Chacun apporte sa pierre à l’édifice de ce nouveau style musical qui prend chaque jour de plus en plus de place dans les sélections des Sound Systems.

Les frères Chin enregistrent avec le groupe les Impact All Stars qui regroupe les musiciens suivant : Lloyd Parks à la basse, Carlton Santa Davis à la batterie, les guitaristes Tony Chin et Earl Chinna Smith, les pianiste Augustus Pablo et Gladstone Anderson, les organistes Tyrone Downie et Winston Wright et aux percussions Clive Chin accompagné de Bongo Herman. On retrouve les premières expérimentations Dub du studio Randy’s sur 2  albums produits par Clive Chin sur le label jamaïcain Impact. En 1973, il propose l’opus « Java Java Java » (réédité dans les années 80 sous le nom « Java Java Dub« ), considéré comme l’un des premiers albums de Dub. Il compile des versions des Heptones, de Junior Byles et des Soul Vendors, jouées en studio par les groupes The Upsetters et Impact All Stars. « Java Java Java » est enregistré et mixé par Errol ‘ET’ Thompson et arrangé par Clive Chin.

Java Java Dub
Java Java Dub

 

On se retrouve prochainement dans « Culture Dub, L’histoire du Dub de ses origines à nos jours »  avec l’Épisode #9 : 1ère Partie : les Racines du Dub en Jamaïque (1967-1980) – Une histoire de producteurs et d’ingénieurs du son ! (part.3)

Big Up,
AlexDub

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