Culture Dub – L’Histoire du Dub de ses origines à nos jours – Épisode #4
AlexDub, activiste de la scène Dub depuis les années 90’s, vous partage en plusieurs parties sa passion pour l’Histoire du Dub de la Jamaïque des années 60’s jusqu’à aujourd’hui… « Culture Dub, L’Histoire du Dub de ses origines à nos jours« . 1ère Partie : les Racines du Dub en Jamaïque (1967-1980) – King Tubby : Le Maître du Dub (part.1) !
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1ère Partie : les racines du dub en Jamaïque (1967-1980)
2) King Tubby : Le Maître du Dub (part.1) !
Home Town Hi-Fi Sound System
Osbourne Ruddok aka King Tubby est né le 28 janvier 1941 à Kingston. Dans les années 50, ses parents et leurs huit enfants déménagent au 18 Dromilly Avenue dans le quartier appelé Waterhouse, surnommé « Firehouse » pour sa violence quotidienne, situé dans l’ouest de la capitale jamaïcaine.
Après un cursus scolaire ordinaire, Tubby se forme en électronique au National Technical Collège de Kingston et commence par redonner vie à des vieux postes de radio en récupérant des composants électroniques dans les magasins de radio des quartiers pauvres appelés ‘Downtown’ (en opposition aux quartiers huppés de Kingston ‘Uptown’). Au début des années 60, à la fin de ses études, il ouvre une petite boutique dans le jardin de la maison familiale et répare les radios pour les habitants du quartier et va même créer sa propre radio pirate, la Tubby Radio Station (TRS) où il diffuse des disques de jazz américain, dont l’aventure ne sera que très éphémère car l’émetteur sera vite repéré par la police.
En 1968 Tubby est un jeune ingénieur électronique de 27 ans, installé à Kingston, souvent appelé par Duke Reid pour réparer les machines et s’occuper de la maintenance du studio Treasure Isle sur Bond Street. C’est d’ailleurs dans ce studio qu’il va découvrir le bouton pour cutter ou fermer les pistes sur la console de son et qui fera son succès en l’appliquant à sa propre table de mixage.
Il a monté depuis 4 années un petit sound system, le Home Town Hi-Fi et joue dans son quartier lors de soirées locales dans le ghetto à Waterhouse. Créé à l’origine plus par passion et comme un passe-temps, le sound de Tubby va devenir, grâce à ses sélections et à sa qualité sonore, l’un des plus importants de l’île. A la suite d’une soirée où il a mis le feu jusqu’au petit matin, Tubby est couronné « King » (Roi), et sera surnommé King Tubby par l’organisateur de cette rencontre musicale.
Depuis qu’il est allé à Spanish Town écouter Ruddy Redwood, King Tubby se fait presser des acétates avec des versions au studio de Duke Reid et sera le premier à les jouer dans la capitale jamaïcaine. Mais il voit plus loin, il veut maîtriser la production de ses dub-plates, agrandir sa sono pour concurrencer les plus gros sound systems de la Jamaïque (à l’époque ceux de Coxsone et de Reid ont connu leur apogée et les sounds les plus en vue sont ceux de Sir Mike et le Stéréo Sound System).
Pour mettre plus d’animation dans les soirées il construit sans cesse de plus grosses enceintes et avec Barry, un technicien hors pair, son « second », Tubby va apprendre à fabriquer lui-même ses propres amplificateurs.
Au micro du sound de Tubby on trouve à cette période les deejays Skeewee et le talentueux Scotty mais il va engager dès 1969, Ewart Beckford, plus connu sous le nom de U-Roy, qui devient le deejay officiel pour le King Tubby’s Hometown Hi-Fi. U-Roy a fait ses classes dans les sound de Sir Mike The Musical Thunderstorm et Dikie’s Dynamic.
A partir de ce moment, le sound de King Tubby va prendre de l’ampleur. U-Roy sait exactement comment introduire les morceaux et il a toujours les bons mots pour animer et ambiancer les espaces vides offerts par les versions. « Wake The Town And Tell The People » (Réveillez la ville et prévenez les gens), disait U-Roy pour entamer son set. C’est lui qui va répandre le « toasting », le fait de parler sur la musique en rythme.
De plus King Tubby va mettre à contribution son savoir d’électronicien pour incorporer à son sound un nouvel ampli fait main et agrémenté de lumières qui s’allument au rythme de la musique. Il intègre les effets réverbérations (qui à l’époque sont à ressort, les « Springs Reverbs ») et les delays (chambres d’échos à bandes) à la voix de U-Roy. Le King est le premier à couper complètement le son du disque qui tourne, laisser le Deejay parler au micro pour animer le sound et mettre de l’écho sur la fin de sa phrase puis remonter le son du dub-plate.
Cette façon de sélecter ajoutée aux effets mixés en tempo sur les versions va déchaîner les danseurs et attirer encore un plus grand plublic dans ces soirées si vivantes.
Osbourne Ruddok : le Père du Dub
Au début des années 70 le King Tubby’s Hi-Fi Sound System, toujours en compagnie du plus renommé des animateurs de soirées, U-Roy va devenir l’un, sinon le plus important sound system de Jamaïque.
Il sera le premier encore une fois a proposé une avancée technologique pour les sonos mobiles en séparant les fréquences au niveau de la diffusion. Son intérêt pour les amplificateurs permet à King Tubby de les transformer pour répartir les 3 fréquences que sont les basses, les médiums et les aigus dans un amplificateur attribué à chacune des fréquences avant que celles-ci arrivent aux enceintes. Cette méthode donne de la rondeur mais surtout une profondeur plus importante à la basse, séparer des deux autres et donc réglable à souhait et fait vibrer la piste de danse.
Lors des rencontres musicales de son quartier, pour donner plus de puissance et de réalisme à ses effets, Tubby installe des enceintes et des sirènes de navires dans les arbres tout autour de la piste et les danseurs se retrouvent au centre de la musique. Le public ne se contente plus seulement d’écouter du dub mais le vit, grâce aux ressentis, à travers le corps, des infra-basses. On sonorise toujours aujourd’hui les soirées sound system de la même façon, avec des murs d’enceintes tout autour du dancefloor et des amplificateurs spécialement conçus pour séparer et jouer avec les fréquences.
I-Roy, un des deejays du sound de King Tubby, qui remplaçait U-Roy de temps à autre, disait alors : « lorsque Tubby jouait à Waterhouse, on l’entendait jusqu’à Spanish Town », ce qui démontre la puissance du system du Tubby’s Hi-Fi car entre le quartier de Kingston et la ville ou joue le Supreme Ruler de Ruddy Redwood il y a plusieurs kilomètres.
King Tubby s’équipe à son tour, en 1972, d’une machine pour presser ses dub-plates et construit un petit studio collé à sa maison de Waterhouse. Il va pouvoir réaliser ses propres acétates et ravitailler, en plus du sien, tous les sound systems de l’île en « spécials » – version unique d’un morceau déjà existant – à la sauce King Tubby ! D’où l’important passage de nombreux activistes de la scène sound system grandissante au 18 Dromilly Avenue comme Horace Swaby (que l’on connaît sous le nom d’Augustus Pablo) et son frère, du sound system Rockers Hi-Fi.
L’originalité du studio de Waterhouse ?
King Tubby dispose sur sa table de mixage d’un bouton qui lui permet de couper certaine fréquence de basse dans le mix, effet que l’on appelle « High Pass » qu’il peut appliquer à souhait sur la piste instrumentale de la cassette qu’il re-mixe. Il utilise aussi un autre effet nommé « Phaser » qui permet de donner de l’amplitude aux riddims.
Il est, n’oublions pas, électronicien de formation, et se passionne de plus en plus pour la recherche technologique à travers ses amplis, pour leur donner de la puissance et restituer des basses bien rondes. King Tubby n’arrête jamais d’ouvrir et de bricoler sa table de mixage pour y incorporer et expérimenter de nouveaux effets.
Mickey Dread se souvient avec Lloyd Bradley : « Il a fabriqué des interrupteurs à ressort pour ses effets sonores (…) il imaginait un effet qu’il désirait, puis le concevait et construisait le circuit qui lui permettait de l’obtenir. (…) Il a modifié son module de réverbe Fisher au point que l’usine ne l’aurait pas reconnu ; en fait, il n’y a pas grand chose dans son équipement qui soit resté dans l’état où il était en sortant de l’usine. »
Un nouveau son est né, les dancefloors vont se déchaîner, le public Reggae jamaïcain découvre le Dub et son père.
On se retrouve prochainement dans « Culture Dub, L’histoire du Dub de ses origines à nos jours » avec l’Épisode #5 : 1ère Partie : les Racines du Dub en Jamaïque (1967-1980) – King Tubby : Le Maître du Dub (part.2) !
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