AlexDub, activiste de la scène Dub depuis les années 90’s, vous partage en plusieurs parties sa passion pour l’Histoire du Dub de la Jamaïque des années 60’s jusqu’à aujourd’hui… « Culture Dub, L’Histoire du Dub de ses origines à nos jours » . Épisode #11 – 1ère Partie : les Racines du Dub en Jamaïque (1967-1980) – Une histoire de producteurs et d’ingénieurs du son ! (part.6 : Channel One – Sly & Robbie)

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1^ère Partie : les racines du dub en Jamaïque (1967-1980)

3) Une histoire de producteurs et d’ingénieurs du son (part.6)

Après des reprises de morceaux américains, Channel One produit essentiellement des rythmes  « repris » où « empruntés»  au catalogue de Sir Coxsone et les fait rejouer aux musiciens des Revolutionaries. Mais suite à ce nouveau style plus groovant produit au 29 Maxfield Avenue, le Rockers, tous les producteurs de l’île, même Dodd, se l’accaparent sur leurs nouvelles productions. 3 morceaux sur 4 dans le mileux des années 70’s sont enregistrés au studio Channel One des frères Hookim.

Le premier maxi 45 tours, aussi appelé 12’’, au diamètre d’un 33t mais pressé pour tourner à la vitesse d’un 45t, est produit par Channel One. Ce nouveau format va permettre aux ingénieurs d’enchaîner la version chantée avec la version Dub ou Deejay, sans interruption, ou encore de mettre plusieurs versions mixées différemment avec des rajouts de divers solos.

L’un des meilleurs 12’’ Dub produit par Channel One en 1978 est sans doute celui des Revolutionaries qui contient les 4 Dubs ‘Headache’, ‘Bellyache’, ‘Tootache’ et ‘Heartache’. Une nouvelle innovation des frères Hookim qui va permettre à Phillipe Smart, l’ingénieur de chez Tubby de graver ses « Extented Versions » ! Le Dub au plus fort des productions de Channel One, retourne les pistes de danses avec des morceaux de plus en plus hallucinants joués par les Sound Systems.

Sly & Robbie : Les légendaires “Rhythm Twins”

Sly Dunbar et Robbie Shakespeare, le duo basse-batterie qui a « backé » (accompagné) un très grand nombre de musicien reggae, en plus d’être de sublimes musiciens, ont aussi produit, enregistré et fait découvrir au  public un grand nombre de chanteurs des années 70’s  jusqu’à aujourd’hui. Ils vont participer à la reconnaissance de Channel One !

Sly Dunbar, né Lowell Charles Dunbar le 10 mai 1952 à Kingston en Jamaïque, débute au sein du groupe Skin, Flesh & Bones qui réside  au fameux club de la capitale le Tit for Tat Club. Il rentre en studio pour sa première session d’enregistrement en tant que batteur pour Lee Perry en enregistrant le morceau ‘Night Doctor’, qui devient un hit, pour l’album ‘The Upsetter’.

Inspiré par le groupe funk américain dont il est un grand fan, Sly and The Family Stone, il transforme son prénom Lowell en Sly, rejoint ensuite le groupe résidant du Channel One Studio sur Maxfield Avenue, The Revolutionaries, et commence à jouer en compagnie de Robbie Shakespeare qui deviendra son partenaire pour de longues années.

Robbie Shakespeare est né le 27 septembre 1953 à Kingston en Jamaïque. Il a débuté en studio en intégrant le groupe Aggrovators, au sein duquel il travail à la section rythmique avec Carlton Santa Davis, le batteur. Robbie enregistre un grand nombre de morceaux avec les Aggrovators qui deviennent des standards du Reggae et du Dub produit par Bunny Striker Lee. Il rencontre Sly Dunbar lorsque celui-ci vient remplacer Carlton Davis pour une session d’enregistrement et Robbie Shakespeare rejoint Sly et le groupe Revolutionaries au studio Channel One.

Ensemble ils jouent et accompagnent dans les années 70’s des groupes comme les Mighty Diamonds, Culture et bien sur Black Uhuru avec lequel ils vont faire plusieurs tournées européennes et américaines. Sly & Robbie vont fonder leur label Taxi et accompagnent les chanteurs et stars internationales qui les réclament, et produisent un grand nombre d’artistes dans les années 90’s et 2000.

Ils ont enregistré plusieurs sessions pour Bunny ‘Striker’ Lee et on retrouve l’essentiel de ce travail sur l’album « Sly & Robbie meet Bunny Lee At Dub Station » enregistré à Channel One et sorti par le label Jamaïcan Recordings en 2002, un indispensable ! Il contient les Dubs de morceaux chantés par Slim Smith, Johnny Clarke, Peter Tosh, The Abyssinians, tous des hits des années 70’s en Jamaïque.

Pour découvrir l’univers Dub des « frères de la rythmique », Sly & Robbie, écoutez les albums « Dub Rockers Delight » et « A Dub Experience » au rythme Rockers et aux mélodies planantes, où réverbération et échos ont une belle place, sortis sur Island Records de Chris Blackwell. Sly & Robbie ont pendant un moment rejoint le groupe Word Sound & Power formé par Peter Tosh quand celui-ci quitte les Wailers. En 1979 et 1981, le batteur et le bassiste participent ensemble à l’enregistrement des deux albums reggae du français Serge Gainsbourg « Aux armes et caetera » et « Mauvaises nouvelles des étoiles« . Ils ont dans les années 2000 produit un album avec le roi de la drum’n bass, Howie B, « Drum & Bass Strip To The Bone » pour un opus très éclectique avec le morceau Dub au rythme rockers ‘Zen Concret’, le Dub groovy ‘Exodub Implosion’ et autre expérimentation Électro-Dub ou Salsa-Dub. Des années 70 aux années 2000, Sly & Robbie ont exploré tous les styles de musique, toujours avides d’expériences musicales.

A la fin des années 70, Channel One se fait moins retentissant, la violence du ghetto éloigne Joe Joe du côté des Etats-Unis comme de nombreux artistes à cette période. Le producteur en pleine effervescence est Joe Gibbs avec son complice ingénieur Errol ‘ET’ Thompson.

En 1979, les frères Hookim équipent le Channel 1 Studio d’une nouvelle console 16 pistes. Sly & Robbie travaillent essentiellement pour leur label Taxi. Un nouveau groupe de sessions se forme pour remplacer les Revolutionaries, les Roots Radics. Il est formé de Lincoln Style Scott à la batterie, Errol Flabba Holt à la basse, Dwight Pickney à la guitare, Wycliffe Steely Johnson et Gladstone Anderson au clavier, Eric Bingy Bunny à la guitare rythmique. Pour enregistrer les nouveaux morceaux de Channel One joués par les Roots Radics, les frères Hookim font appel à plusieurs ingénieurs comme Anthony Soljie Hamilton, Peter Chemist et Hopetown Scientist Brown toujours accompagnés de Ernest Hookim.

Mais c’est le producteur  Henry Junjo Lawes qui fait vivre une seconde période à Channel One en amorçant le virage de l’ère du dancehall, en produisant un grand nombre d’artistes jusqu’en 1984, date à laquelle le Channel One va quasiment fermer ses portes concurrencé  par des studios plus moderne comme le studio Tuff Gong !