Live Report – Zion Station Festival #7 – Gambulaga (Italie)

Nos Dub reporters Pacha et Officer débarquent en bicyclette sur les routes d’Italie pour ce live report du Zion Station Festival #7 qui a eu lieu du 22 au 25 juin 2017 ! Quatre jours où la culture Dub & Roots battait son plein devant plusieurs sound systems, de nombreux activistes locaux et des invités de prestige tels que Jah Tubby’s, Zion Train, Bush Chemist ou encore Gussie P !

Imperial Sound Army
Imperial Sound Army

 

Pronto, via !

Direction les deux lacs Verginese aux alentours de Gambulaga, dans un spot idillyque en plein coeur de la campagne Romagnole. Au programme, des milliers de festivaliers et de moustiques au taquet, des centaines de kilowatts déployés, une trentaine de crews programmés, quatre journées d’une rare intensité ainsi que deux lacs pour deux dancefloors, et le tout pour un seul et même évènement : la septième édition du Zion Station Festival. Cette année encore, le festival sera tourné vers l’agrotourisme et l’écogestion d’un site riche en biodiversité. Et la tache s’avère être bien plus compliquée que lors de la première édition, qui comptait environ 500 participants, contre aux alentours de 5000 pour cette édition 2017 (cumulé sur le total du festival). On pourra y retrouver des crews italiens déjà présents à l’édition précédente, Imperial Sound Army et Heavy Rootation Sound System en l’occurrence.

 

Gussie P
Gussie P

 

Jour 1 :

Tout commence à 11 heures avec le Heavy Rootation Sound System pour une session à base de Roots’n Culture/Rub-a-Dub/Steppa sur les rives du lac Tremonto, également surnommé le lac de Venere, et renommé Lake Yard. Cet équipage vénitien a ramené pour l’occasion deux scoops sur une sono branchée en 4 voies, les plans des caissons étaient d’ailleurs directement consultables sur place, dessinés sur les toiles de la tonnelle, de même que les graphes représentants les plages de fréquence des H.Ps.

Sound Collective est également convié à la sélection, puis le Munchies Sound System, venu tout droit de Croatie et originaire de la ville de Pula, prennent le relais pour une session Steppa bien puissante. C’est ensuite le moment d’enchainer pour le crew du Double Spliff Sound System originaire de la région des Marches. Ces passionnés de bonnes vibz ont mis la barre haute, avec un Mannaro Man sur le mic au top de sa forme. Des morceaux Roots et Rub-a-Dub avec un M.C tueur de version en série, que demander de plus ?

Peut-être une session plus Digitale/Steppa avec notamment une release de Falasha Record, et on l’a eu. L’ambiance est au partage, le micro est passé à un joueur de melodica albanais venu de Perugia, Armin, qu’on aura eu le plaisir d’écouter à plusieurs occasions tout au long du festival. Et c’est sur une last tune de Kandee Dub & Jahzz au saxophone, ‘Tails of Youth’, du label français Blackboard Jungle (lire la chronique), que ce conclus cette première après-midi au Lake Yard. En somme, cette première session nous aura offert un environnement et une ambiance calme et détendue avant le début des hostilités de la soirée, marquée par un affrontement particulièrement féroce entre les hommes et les moustiques.

Une conférence était prévue pour 19h30, mais les protagonistes manquaient à l’appel, c’est donc sans transition qu’on passe au Main Yard, aux alentours du lac Alba, autour duquel les festivaliers avaient établi leur campement. C’est Black Lion Hi Vibz, un Sound-System de Pordenone venu du Nord de l’Italie avec un stack de 3 scoop, qui s’occupe du warm-up de la soirée. Un échauffement bienvenu avant l’enclenchement du matériel tant attendu du Rise’n Shine Sound-System. Leur sono, branchés en quatre voies, constituée de deux stacks de quatre scoops, inaugure la session avec une track de Frankie Paul, décédé très récemment. On en profite pour rendre hommage à cette icone du Reggae jamaïcain qui aura chanté jusqu’à la fin de ses jours, Requiescat In Pace.

Dub Judah
Dub Judah

En ce qui concerne la session, on a retenu plein de bonnes choses de cette formation, à commencer par les très bons fastyle de Mannaro Man, toujours à l’oeuvre au microphone sur du bon Rub-a-Dub. L’arène se remplit au fur et à mesure que les big tunes s’enchainent et que le kick s’intensifie. Après le passage d’un classique de Bob Marley, ‘Rastaman Chant’, le style Steppa UK prend le pas sur la sélection. On a droit à une grosse dubplate de Jules I intitulée ‘Dangerous Addiction’ et qui a littéralement retourné la foule. Mais c’était sans compter sur la fabuleuse release de Conscious Embassy, ‘Live It Up’ avec Al Campbell, qui vient encore ajouter une couche d’intensité supplémentaire à la foule qui en redemande. La version de Young Kultcha est quasi instinctivement réclamée, et c’est au cri de “Set dem Free” que les paroles de l’étoile montante de la scène française est balancée. La version sera achevée par Mannaro Man et ses conscious lyrics, puis la session se cloture sur un gros Steppa UK. Les troupes sont motivées, mission accomplit pour le collectif bolognais.

Dread Movement reprend les rennes de la soirée avec une dubplate de Luciano, s’ensuit du très grand UK style pour le plus grand plaisir des festivaliers, avec des versions qui seront employées pour Dub Judah, le toasteur et joueur de mélodica.’It plays Dunza’, un remix de la track original des Aggrovators, est jouée et vient raviver la foule. Des versions de Vibronics sur le label Skank Lab seront également proposées avant l’introduction du clou du spectacle : Gussie P le fondateur du label Sip a Cup, et Danny Red.

Dans la meilleure des ambiances, le style Roots/Steppa new-age de Gussie P fait vibrer le sol, les coeurs ainsi que les zanzari. Les versions chantées par Danny Red seront précises et permettront d’apprécier encore plus le style de Gussie P, celui-ci s’autorisera même à toaster sur quelques unes de ces versions. C’est sur une face-B Steppa de ‘Satta Massagana’ que se terminera cette première soirée, non sans retourner une dernière fois la foule. Une salve d’applaudissement pour la performance qui se termine aux alentours de 3 heures du matin.

On retiendra une ambiance calme et chaleureuse avec un public à l’écoute de la performance et des messages diffusés malgré la barrière de la langue. Une sélection réfléchie, de l’improvisation lyricale et instrumentale sur de bonnes versions, quelques harmonies bien placées et un mic soumis à la force centrifuge, la recette qui plaira à tous les gastronomes de Dub, amateurs de bons macarons et leurs multiples facettes. Une première journée tout en crescendo donc, qui annonce de très bonnes perspectives pour la poursuite des opérations durant les trois prochaines journée de ce festival haut en couleur.

 

Dub Conference
Dub Conference

 

Jour 2 :

Le camping autour du lac Alba se remplit, des petites poubelles sont distribuées ainsi que des cendriers portables dans le but de préserver un maximum le lieu. Le travail d’écogestion des organisateurs et bénévoles semble porter ses fruits, on verra ce qu’il en est à la fin de ces 4 jours de campagne. On déplorera seulement l’arrosage automatique d’un des champs adjacent au site, dont les composants sont transportés par le vent en direction de la jonction entre les deux lacs. On espère seulement qu’aucune particule chimique n’est présent dans cette eau volatile, meme si on se permet d’en douter.

Encore une fois pour cette après-midi au Lake Yard, c’est Heavy Rootation Sound System qui s’occupe de la sonorisation. Immiroots, un crew toscan originaire de Piombino, seront les premiers artistes de la journée à être accueillis pour jouer. Les festivaliers occupent les 4 pontons du lac ainsi que les 4 de la biopiscine, et cette alternance entre dance et baignade semble mettre tout le monde d’accord pour ce « Dubathlon ». La sélection Digitale du groupe s’intègre parfaitement à l’environnement du Lake Yard, et les dubplates s’enchainent au rythme des plongeons.

Jah Free
Jah Free

Vient ensuite l’heure de la leçon du vétéran Jah Free, presque 70 ans au compteur, maitre de cérémonie confirmé, porteur d’un message profond et réfléchi en ayant fait gamberger plus d’un. Le Dub Activist, investigateur de la première heure, est un véritable ingénieur d’un Digital/Steppa qui nous aura fait découvrir les sentiers cachés du Dubwise, par delà les routes et les ponts qui sillonnent déjà le monde du Sound System. On retiendra son utilisation toute particulière de disquettes préenregistrées et l’harmonisation des vocales en live. Un gros coup de coeur donc pour le Dub Investigator, solide sur tous les aspects de sa performance, toujours à proximité de son public et transformant à sa manière la foule en assemblée. On aura beaucoup appris au cours de la session avec cette sélection de génie, notamment grace à des morceaux comme ‘How Many Bridges Do We Have To Cross’.

Et pas question de s’arrêter en si bon chemin, cette fois-ci la conférence a bien lieu mais avec un léger retard. On ne peut pas tout avoir non-plus. Les invités sont les membres de Zion TrainNeil Perch et Dub Dadda -, Dougie Conscious des Bush Chemist, ainsi que les chanteurs Prince Jamo et Culture Freeman. Les questions sont tournées autour de la communauté Dub européenne et ses perspectives d’évolution future. La première question que nous avons pu poser concernait l’influence de l’envergure d’un festival sur son déroulement. Un festival comme le Zion Station tire en effet de nombreux avantages de sa petite envergure. Un gage de convivialité, un public à l’écoute de la performance, voici les principaux arguments en faveur de ce festival dont la capacité maximum d’accueil est de 5000 festivaliers, cumulés sur l’ensemble des quatre jours, contre environ 30 000 pour un festival de plus grande envergure comme le Dub Camp. On saluera donc l’expansion raisonnable du Zion Station dont la première édition cumulait 500 participants sur deux jours.

En ce qui concerne les perspectives d’évolution du mouvement Sound System, plusieurs déclarations nous ont semblaient pertinentes à relever. Tout d’abord les Sounds locaux fleurissent à la manière des épices, apportant de nouvelles saveurs pour reprendre le terme exact de Prince Jamo. On retrouve en effet désormais la culture Sound System sur tous les continents, avec une mention honorable aux Amériques avec des pays comme le Brésil ou le Mexique, et à l’Europe avec des pays comme la France, l’Angleterre, l’Italie, l’Espagne et la Pologne, tous cités comme étant de grand consommateur de Dub.

La culture Sound System se déploie à la vitesse du son, depuis sa Jamaïque natale jusque dans les villes du monde entier ainsi que les campagnes les plus reculées. On constate que le triple bang de ce phénomène s’est propagé dans l’espace international, et on espère que son écho perdurera le plus longtemps possible, à l’instar d’un dub d’un live de Zion Train !

Prince Jamo
Prince Jamo

Et nous voici prêt à entamer cette deuxième soirée, avec en apéritif Black Lion Hi Vibz pour un warm-up relevé. Puis vient l’heure des antipasti, Rise’n Shine sur leur sono, toujours au top avec une sélection de qualité et un Mannaro Man bien en forme au microphone. Prince Jamo et Culture Freeman en profiteront pour nous proposer leur incroyable voix sur les faces B, avec la finesse des grands chefs de restaurant 3 étoiles : on s’est régalé. Le service gagne en qualité avec des plates toujours plus délicieuses, puis Dougie de Bush Chemist reprend la main, envoyant de bonnes grosses tueries ne laissant personne sur sa faim. Culture Freeman rajoutera une once de saveur à ce repas complet, avec des interventions dispensées avec parcimonie. L’ambiance est au festin, le menu est varié grâce aux sélections concoctées par Dougie et Rise’n Shine, qui se passeront la main jusqu’à la fin du set. Les MCs auront tous pu profiter d’un large choix de version à toaster, une première partie de session qui se place donc sous le signe de la convivialité.

On aimerait dire qu’on est repu, mais il reste encore le plat principal, Zion Train, avec un live Dub puissant bien à l’anglaise. Dubdadda s’occupe du mic et Neil Perch de la prod, leur complémentarité est exemplaire, on ressent les heures de travail passées sur ce set. Le bpm s’accélère et les sonorités deviennent plus électronique. On jongle entre plusieurs styles musicaux, on a même cru reconnaitre un beat de hip-hop à un moment donné de la soirée. Mais c’est sur un puissant ‘War inna Babylon’ que ce conclut la soirée avec un passage flirtant avec la Drum’n Bass, la cerise sur le gâteau, bien qu’il soit impossible à faire rentrer dans une case. C’est du Zion Train tout craché, ça on en est sur. On retiendra de cette session une très bonne qualité sonore, un Dubdadda excellent et extrêmement bien coordonné avec les reverbs et les distortions de Neil. Une très bonne alliance entre puissance et sérénité, dans la performance comme dans l’attitude : Zion Train ou une main de fer dans un gant de velours. On se passera de dessert pour cette fois, on a eu notre ration pour la journée, mais on aurait bien bu un petit café pour bien digérer tout ça. On arrive à la moitié de ce festival, mais on est sur qu’on aura l’occasion de le boire notre café, on espère juste pouvoir le faire avant de tomber à court de métaphore.

 

Don Fe
Don Fe

 

Jour 3 : 

on atteint le pic de chaleur du festival avec un peu plus de 40° C au thermomètre. La baignade passe du divertissement au besoin primaire pour qui tient à profiter des magnifiques mélodies à la flute traversière de Don Fe, prévu en deuxième partie d’après-midi.

C’est Heavy Rootation qui entame cette troisième journée au Lake Yard avec une sélection plus Roots/Steppa et comme invité un membre d’Immiroots. La session continue et des passations de contrôle de la sélection sont réalisés avec Alex See, la sélection est une pure merveille. L’ambiance est familiale, plusieurs MCs prennent le micro pour enivrer la foule, et c’est Mannaro Man avec la constance et l’endurance d’un marathonien que l’on prend le plus grand cul-sec. Une voix maitrisée et une diction parfaite sur des fastyles de précision, on a droit à du sport de haut-niveau. L’atmosphère se réchauffe encore, alors même que la température à l’ombre est de 37°, une introduction parfaite pour le départ de Don Fe, venu nous délivrer son Dub, sa vision et sa définition. Équipé d’une flute traversière, il nous fait part de ses productions, de bonnes dubplates avec comme toujours des lignes mélodiques pointilleuses qu’il harmonisera lui-même sur place. Durant toute sa sélection la foule ne fera que grossir pour cet ultime moment de plaisir sur le bord du lac Tremonto, étant donné que toutes les performance du lendemain se passeront au Main Yard.

Direction la conférence où cette fois-ci tout le monde est présent et dans les temps. Sont conviés les chanteurs du Sound System mythique Jah Tubby’s : Gregory Fabulous, Dixie Peach et Errol Bellot, ainsi que l’emblématique Murray Man et Echo T du Echotronix Sound System, un crew originaire du nord de l’Italie chargé de sonoriser le Main Yard avec leur deux stacks de 4 scoops. Les questions gravitent autour de deux principaux points : La formation d’un Sound System et le début de carrière dans le milieu, ainsi que l’usage de l’improvisation, et donc par extension du freestyle, toujours dans le milieu du Sound System. On a donc le droit au témoignage personnel de chacun des artistes présents, qui se trouvent avoir emprunté des routes toutes aussi différentes, les un des autres. On retiendra quelques conseils bien formulés, à savoir rester intègre dans la démarche, être prêt à investir de l’énergie, du temps et de l’argent dans l’entreprise, et surtout s’entourer d’une bonne équipe afin d’être le plus solide possible. Des conseils loin d’être négligeable, on prend des notes pour la classe, à vous d’agir en conséquence.

Gregory Fabulous
Gregory Fabulous

Quoi de mieux donc que d’illustrer des idées par des actes pour mieux les retenir ? Et des actes, il y en a eu pour ce deuxième topic que nous avons nous même proposé : Quelle place occupe l’improvisation dans la performance d’un toasteur en Sound System ? C’est Gregory Fabulous qui attrape le mic en premier, pour lui, l’observation est une capacité nécessaire pour une bonne improvisation. Et c’est par une superbe petite improvisation qu’il démontre ses propos en direct de la conférence. Dixie Peach ne peut que suivre, pour lui l’improvisation fait parti d’un cercle vertueux, tirant son énergie du public et lui rendant à travers des improvisations à chaque fois unique. Et comme argument venant appuyer son propos, il performe également avec un freestyle bien pesé, attirant un peu plus de curieux à cette deuxième conference. Enfin on retiendra également le témoignage de Murray Man, pour qui le freestyle est une discipline bien implantée dans le milieu Sound System, à l’instar du mouvement Hip-Hop, et qui attendra d’être dans l’arène du Main Yard pour nous concocter un freestyle clair, net et précis, faisant l’unanimité parmi tous ceux qui l’auront entendu.

Murray Man
Murray Man

La 3ème nuit du festival commence, et cette fois-ci, on est paré au combat. C’est à base d’encens, d’huiles essentielles d’Eucalyptus et de citronnelle qu’on se prépare avant même la tombé de la nuit. Le warm up sera encore une fois assuré par le Black Lion Hi Vibz avant de passer sur la sono d’Echotronix. Ce dernier commence d’ailleurs la session avec du bon gros Roots accompagné par Murray Man sur les versions. C’est la première soirée sans le Sound System de Rise’n Shine et nous pouvons déjà constater la différence. Le son est plus claire, moins fort que les jours passés, ce qui n’est pas une mauvaise chose pour nos tympans. La session bat son plein et après quelques autres tunes, le style se durcit. La voix mielleuse de Murray Man ne fait que rendre cette session encore plus intense. Derrière eux, les vétérans du Jah Tubby’s semblent enthousiastes à l’écoute de la prestation proposé par leurs cadets. Murray Man terminera par un freestyle bien calé: « I hope you had a great time, drinking rum and drinking wine… ».

Take over du sound mythique anglais, Jah Tubby’s que nous ne présentons plus sur Culture Dub. Les étudiants sont au rendez-vous pour la leçon et c’est Gregory Fabulous qui ouvre le bal avant même que la première musique ne commence. Ça y est, le show est lancé. 1ère tune, un gros Roots histoire de se mettre dans l’ambiance, puis une face B avec un ‘Early Juggling’ de « Gregoire le Fabuleux », des paroles claires et précises qui laissent ensuite place à quelques autres Roots puis au Stepper Digital si spécifique à ce crew anglais. Le maitre de cette cérémonie gardera le mic sur 70% du temps et distribuera ce dernier seulement au bon moment à Dixie Peach et Errol Bellot. Une fois que ces derniers seront chaud, le deuxième tiers-temps pourra ainsi commencer. Pour remettre le compteur à zéro, un hymne de Robert Nesta Marley and The Wailers sera laché ‘Crazy Balheads’, puis une face B exclusive de ce riddim. Après cela, le Steppa du East London prend le pas sur le reste. Nous avons droit à des remix et dubplates de ‘Dunza’, ‘Sweet Dreams’ et le fameux ‘Star Dub’ sortie sur le label du Sound System, ainsi qu’une plate de Charlie P qui réchauffe encore un peu plus l’ambiance. 3ème tiers-temps, un autre Bob vient relaxer l’atmosphère avant de foncer vers la dernière partie de la danse, « Just before, hit the ground » ajoute Fabulous. Cette dernière partie sera ponctuée de gros Steppa avec comme last tune un ‘Babylon is Falling’. Nous noterons que ce crew n’a pas joué fort, laissant ainsi une plus grande place à la performance des chanteurs, toujours avec des prises de mic pertinentes et millimétrées. Le volume aura tout de même eu droit tout au long de la session à son crescendo, qui on le rappelle reste et restera pour toujours éternellement lié à la communauté Sound System, quand même !

 

Kebra Ethiopia
Kebra Ethiopia

 

Jour 4 :

On se réveille gentiment après cette nuit mouvementée, poursuivie jusqu’au petit matin par le Black Lion Hi Vibz qui aura performé toute la matinée au coté de JahMan Record de Rome, et ce pour le plus grand plaisir des survivants. On aura même eu droit à une dernière intervention freestylée par l’inépuisable « Gregorio il Fabuloso », avec un accompagnement au mélodica d’Armin. Et c’est bercé par ces basslines que ce présente une nouvelle épreuve inattendue : l’orage italien. Chaleur de la veille oblige, ça a plutôt bien pété, avec notamment des sacrés coups de foudre et une courte pluie dilluvienne. Comme beaucoup se sont réveillés grâce, ou à cause de l’orage, pendant une demi-heure c’était la débandade. Heureusement les troupes se mobilisent, on s’organise, et finalement l’orage passe, laissant comme seule trace de son passage un sol et des hamacs mouillés. Pas de quoi démotiver les skankers cependant qui resteront à leur poste jusqu’au bout.

D’ailleurs pas de Lake Yard pour ce dernier jour, tout se déroulera au Main Yard sur la sono de l’équipage de  l’Imperial Sound Army. Ceux qui le souhaitaient ont tout de même pu jouir d’un ultime jour de baignade dans les eaux du lac Tremonto. C’est donc au Main Yard qu’on se retrouve pour observer le rendu de la nouvelle disposition de la sono, cette fois-ci située sous la tonnelle principale. Les deux stacks de 4 Hogs ont l’honneur d’accueillir pendant trois heures de session les membres du Kebra Ethiopia Sound System. Tout est dans le partage et la communication, et malgré l’absence des membres de la University of Stepper, l’honneur est à la dance. On voit Doc I-nity sur tous les fronts : sélection, transition, organisation de la dance, on en vient même à se poser la question si Doc I-nity ne possède pas le don d’ubiquité. On ne lui a pas posé la question, cependant une chose est sure, il est celui qui s’en rapproche le plus. On aura eu l’occasion de dancer sur des tracks telles que ‘Jahoviah’ des Twinkle Brothers, ainsi que des classiques de Bob Marley : ‘Zimbabwe’ et ‘Africa Unite’. La session sera ponctuée par une standing-ovation pour la performance et le message de paix prodigué par le Sound System Sud-Africain.

Et c’est ainsi que tout le monde est bien échauffé pour la take-over de l’Imperial Sound Army. Et d’emblée le message est clair, la session sera musclée. L’introduction de chaque morceau est travaillée avec minutie. Dan I prend soin de dévoiler au bon moment le potentiel de ces big tunes Steppa, et le public est transporté dans l’univers d’un style puissant, dont chacune des couches sonores vient intensifier le rythme de la dance des festivaliers, dont la condition physique ne faiblit pas. Les performances des MCs sont distillées au compte-goutte, mais l’interaction avec le public n’en demeure pas moins pertinente. En plus de ses transitions plus qu’excellente, Dan I nous fournit des vibz lyricales appuyées par un contrôle direct du son pour une excellente symbiose entre riddim et lyrics. On aura pu entendre beaucoup de remixes, comme celui de Bob Marley ‘Soul Rebel’, ainsi que celui de Danny Red ‘Jahova’.

Pour résumer brièvement le passage d’Imperial Sound Army, de la puissance sonore pure de A à Z, et malgré quelques larcens et un réglage du son peu adapté aux toasteurs, c’est dans une tradition UK dans la droite lignée d’Aba Shanti que ce Sound System du Nord de l’Italie nous offre une ultime session d’anthologie pour clôturer ce festival. Cette dernière soirée se termine bien tôt comparée aux trois autres, mais c’était sans compter sur les festivaliers ayant eux même décider de déployer une mini-sono pour une session strictly record aussi courte qu’intense. En effet le « French Dub Corner With The Belgium », comme il a été spontanément surnommé, s’est vu rapidement démantelé après l’intervention du service de sécurité mandaté par la gendarmerie. Un accord est trouvé sur le niveau sonore, mais malheureusement la session est avortée. C’est sur des chants spirituels et traditionnels hindous que ce conclut pour de bon ce festival. On a noté la lastest des last-tunes, ‘Shiva Trance (OM nama shiva)’ joué par Seb aux alentours de 5h du matin. Big up aux Earth Keeper pour la prise de contrôle ainsi que les prises de risques, on aime jouer les prolongations jusqu’au bout quand le jeu en vaut la chandelle.

 

Dan I
Dan I

 

Dernier jour :

Ultime journée pour une ultime bafouille, les lignes de basses se sont calmées et seul le chant des cigales demeurent. Les festivaliers lèvent le camp très progressivement, le nettoyage s’organise et malgré quelques zones de stockage de détritus, on vous épargnera les détails, on constate que le site a été globalement bien respecté. Mention honorable à l’équipe des bénévoles pour qui le festival n’est pas encore terminé. Pour tous ceux qui se posaient la question stupide de savoir si le Zion Station Festival valait vraiment le coup, clairement on répondra “oui” sans aucune hésitation. Et la présence des deux lacs Verginese est un facteur clairement décisif dans le choix de notre réponse. Mais ce n’est pas tout : la population de Gambulaga et Portomaggiore nous a accueilli très chaleureusement, un gros big up à Rico et Nico de l’épicerie de Gambulaga pour leur hospitalité incroyable. Et pour ceux qui se posait la question, on entendait bien les basses depuis Portomaggiore à 8km du site à vole d’oiseau. Et que dire de tous les crews réunis pour l’occasion ? Des artistes internationaux à la hauteur de nos attentes et la découverte d’un milieu Sound System italien dans la droite lignée du Sound System style anglais.

Echotronixx Sound System
Echotronix Sound System

Spéciale dédicace à Mannaro Man pour son implication et son endurance des trois premiers jours en tant que MC titulaire, buteur à chaque rencontre et auteur de gestes techniques toujours propre dans sa transmission du mic. Un big up également aux crews d’Italie qui se sont déplacés, Rise’n Shine Sound-System, Heavy Rootation Sound-System, Echotronix Sound-System, Imperial Sound Army et Black Lion Hi Vibz, qui ont tout donné pour ce match à domicile. De la puissance et de l’endurance, voilà deux qualités qu’on adore voir à l’oeuvre quand on a la passion du Dub. Et quand on parle de passion, c’est dans le sens étymologique du terme. Une grosse dose de vibrations matin, midi et soir pour un renforcement musculaire des mollets assuré. On aura même eu droit à nos prolongations les deux derniers soirs grâce à l’effort combiné des festivaliers et des artistes, et cela n’a pas de prix. Une chose nous aura particulièrement marqué, c’est la découverte d’un public à l’écoute et particulièrement attentif, la tête bien plus souvent dans les étoiles que dans les caissons, et cela fait vraiment chaud au coeur.

On tient également à passer un bon gros heart-salute à tous les représentants de Sound System qu’on a croisé, venus apprécier ce moment en tant que festivalier. Spéciale dédicace donc à Asfaw Sound System (Geel, Belgique), Cease & Sekkle Sound System (Maldegem, Belgique), Future Youth Movement (Zwevegen, Belgique), Splintah Sound-System (Antwerpen, Belgique), Inceku Jah Sound-System (Bruges, Belgique), Zion Tree Sound System (Lausanne, Suisse), Moon Warrior Vibe System (Pontarlier, France), Earth Keeper Sound System (Nantes, France), Ikadub (Clermont-Ferrand, France), Eazy Squeeze Sound System (Bourges, France). Et encore une fois une spéciale dédicace aux potos du sale, les Earth Keeper, qui ont traversé toute la France ainsi que les Alpes avec leur camion de pompier et leur matos pour gérer le feu quand plus personne ne s’en occupait. On donne rendez-vous à tous le monde pour la huitième édition du Zion Station Festival, même si on ne doute pas une seul seconde que les occasions de skanker à nouveau sur le même dancefloor ne manqueront pas, et on l’espère ne manqueront jamais.

Live Report : Pacha & Officer
Photos : Sara Sugoni (Roots Elf)

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