Interview High Damage

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InaLive Reports

Culture Dub a rencontré High Damage lors du Free Music Festival 2012. Quelques heures avant de monter sur scène pour le dernier concert de leur tournée, Dino, le batteur d’High Tone, et Martin de Brain Damage ont accepté de répondre à nos questions.

Interview High Damage

High Damage restera l’un des principaux évènements dub de cette saison 2011-2012. La création commune de Brain Damage et de High Tone aura attiré des milliers de dubbers sur la tournée et dans les bacs. Culture Dub ne pouvait pas passer à côté d’un tel phénomène. Voici le récit de cet entretien, à la manière du live de High Damage, c’est-à-dire divisé en 3 parties : Brain Damage Dub Sessions, High Damage et High Tone.

Part. 1  Brain Damage :

Un superbe maxi 4 titres « Brain Damage Dub Sessions meets Sir Jean » est sortit il y a quelques semaines. Peux-tu nous en parler ?

Martin (Brain Damage)

Martin : Pour cet EP, j’ai fait appel à Sir Jean en qui j’ai une totale confiance. J’ai le sentiment qu’il avait envie de poser sur des riddims un peu plus roots que ce qu’il peut faire en ce moment : ca fait partie de sa culture. J’ai également mis une version acoustique car je sais que ca l’intéresse et moi aussi, c’était l’occasion.
Et puis, ca correspond à la forme que j’ai envie de développer, une nouvelle formule de Brain Damage. Une forme beaucoup plus roots qui nous replonge dix ans en arrière sur des albums comme « Ashes to Ashes » ou les collaborations avec Learoy Green… C’est une part de Brain Damage que l’on avait bien laissé tomber en allant plutôt dans la noirceur… que je ne renie pas pour autant! C’est vraiment une part de ma culture mais je n’oublie pas non plus cette partie plus roots qui a été mise de coté et qui est toujours resté en moi. Toute cette culture reggae, dub, uk ou autre.
Ca faisait déjà un petit moment qu’on en parlait avec Raph (ndlr : Raphael Talis, ex-bassiste de Brain Damage). Entre temps, lui a quitté le navire, sans fracas, c’était prévu depuis longtemps. Il avait envie de faire autre chose. Je continue ce projet sans lui, ca ne lui pose pas de problème. On est resté en très bons termes.
Ce projet a commencé dans le cadre de la tournée High Damage avec le live de Brain Damage que j’ai appelé Dub Sessions, et qui commençait les concerts. Cela m’a permis de présenter aux gens la nouvelle orientation de Brain Damage, et de découvrir les nouveaux titres pour lesquels j’ai fait appel à des chanteurs comme Madu Messenger, Parvez, Sir Jean, Brother Culture, Learoy Green, ou Zeb McQueen prochainement.
Je suis en train de finaliser un album qui doit paraître en octobre, toujours chez Jarring Effects. Puis je le défendrais sur scène sur l’année qui arrive. Toujours en live et tout seul pour le coup, mais avec quand même une équipe technique et un ingénieur son notamment. Ca me paraît important pour que ca sonne bien tous les soirs. Il y aura également un éclairagiste qui fera aussi de la vidéo, chose que l’on n’avait jamais développé auparavant.
Donc toujours plein de projets, et toujours bien à donf!

Comment se présentera l’album ?
Martin : On retrouvera les featurings dont je parlais tout à l’heure. Il devrait y avoir 6 morceaux et 6 versions, que j’aurai voulu versions dub, mais je n’y suis pas arrivé, c’est marrant! Ce sera plus des versions hybrides. Ca ressemblera davantage à un album de reggae qu’à un album de dub, à l’image du maxi. Peut-être que les versions dub viendront plus tard, et que je les mettrai gratos sur le net… Je ne me formalise pas là dessus, je fais les choses comme elles sortent.
En tout cas ce projet m’apporte de la fraicheur, ca a été super agréable de faire ca, en parallèle à High Damage. Personne ne sera perdu, même si ca va surprendre plein de gens qui avaient l’habitude de nous voir dans des sphères plus dark. A chaque fois que Brain Damage a sortit un album, c’était le contrepied du précédent, et il y a toujours eu des gens surpris qui finissaient par dire : « Au début ca m’a surpris, mais finalement ca me va ! ».

Part 2. High Damage :

Comment s’est passée la rencontre entre Brain Damage et High Tone ?
Dino : On se connaît depuis autant de temps qu’avec Kaly Live Dub, Improvisators Dub, Zenzile… L’émergence de cette scène a eu lieu à la fin des années 90 et nous étions quasiment tous là au départ. En plus, Brain Damage est originaire de Saint-Etienne donc nous avons encore plus de proximité (ndlr : High Tone vient de Lyon) par rapport aux bordelais ou aux gars d’Angers… Très vite, nous avons fait des dates ensemble. On se connaît bien tout simplement, mais on ne s’apprécie pas trop (rires)!

Martin et Dino (High Damage)

Pouvez-vous nous décrire le processus de création de High Damage ?
Martin : On a commencé à s’envoyer des fichiers. Des brouillons, réalisés pour eux dans leur local, et pour moi dans mon studio avec mon matos. Nous nous sommes échangé ces fichiers par le net, avec 2 ou 3 allers-retours. Puis, nous avons finit par nous enfermer un gros mois dans le local d’High Tone pour répéter, à la façon d’un groupe de rock qui s’apprête à jouer sur scène. Cela s’est ponctué par une semaine de résidence, parce que High Damage ce n’est pas seulement une équipe de musiciens, il ya des techniciens aussi. Ceux de Brain Damage et ceux d’High Tone se sont rencontrés et il y a eu une émulsion. Ils se sont proposé plein de trucs et ont déliré sur le son, les lumières, la vidéos ; y’a eu des écrans, de la scénographie. Il fallait une résidence pour finaliser tout ca et elle a eu lieu au 104 à Paris. Apres, nous sommes partis en tournée.
Dino : Nous avons directement pensé à la scène pour High Damage, alors que pour les autres splits albums d’High Tone rarement. Par exemple, avec les Improvisators Dub ca s’est fait en 5 jours, Kaly Live Dub pareil. Au fil du temps, on s’est laissé plus de temps pour faire ce genre de projets. Avec Brain Damage, c’est la première fois que nous sommes partis sur un projet comme ca. On n’a jamais pris autant de temps pour faire un split. Et on le fera encore différemment la prochaine fois…

Il n’y a jamais eu de tournée pour les splits albums précédents ?
Dino : Non. Nous avions fait quelques dates avec Zenzile, mais avant la sortie du cd. Ce n’était pas la création commune, simplement des dates ensemble.

Et comment ont été créés les morceaux qui apparaissent sur l’album « High Damage » ?
Martin : À chaque étape du processus de création, des petites pierres sont venues se rajouter à l’édifice. Comme je te le disais, il y a d’abord eu création puis échange de fichiers et il s’est passé un truc. Ensuite, il y a eu les répétitions au local et il s’est passé un autre truc… A chaque étape les morceaux se prennent un petit coup de pouce. Après, nous avons fait une bonne douzaine de dates avant de rentrer en studio, pour rôder ces morceaux. Ensuite, en studio nous avons rajouté quelques trucs. Et en retournant sur la deuxième tournée, nous avons aussi modifié quelques détails. En fait, ca a été en perpétuelle mutation. Faudrait d’ailleurs qu’on ré-écoute les premiers bandes qu’on s’est échangés, je pense ca nous ferait marrer !
C’était un peu le but justement de faire évoluer tout ca,  jusqu’à la forme de ce soir qui va être encore quelque chose de différent… Il se trouve que pour les festivals c’est très compliqué de respecter ce qu’on a voulu faire sur toute la tournée des scènes de France. Dans le sens où dès le départ, nous avons voulu présenter les 2 lives : celui de Brain Damage en ouverture et celui d’High Tone à la fin, et placer le High Damage au milieu, pour faire une espèce de dub marathon d’un peu plus de 3 heures… Une progression musicale tant au niveau du nombre de personnes qui interviennent parce que je commence tout seul et on finit tous ensemble, qu’au niveau du son lui-même. Et normalement je suis en salle, pas sur scène avec eux. Mais sur les festivals c’est compliqué.
Dino : Au début on ne voulais pas le faire… Mais au final on s’est dit : allons-y !
Martin : Donc pour la configuration festival je les rejoins sur scène. C’est vrai que c’est un peu plus classique… On a essayé cette formule hier pour la première fois  et on a eu de bonnes sensations, espèrons que ca le refera aussi ce soir ! C’est une manière encore différente de montrer ce qu’est High Damage.
Et puis, on a le sentiment d’être aller un peu au bout de qu’on voulait faire, d’avoir eu de la suite dans les idées par rapport à notre idée de départ. Nous avons essayé plein de trucs, il y a eu de la prise de risque en ne proposant pas toujours la même chose aux gens. Cette confrontation là, nous avons voulu lui donner des formes particulières, quitte à prendre des risques et sortir des sentiers battus. C’est le dub a priori !
Dino : Et comme on avait bien en tête le fait qu’on allait partir sur la route, nous ne sommes pas non plus partit sur une musique trop planante ou trop méditative. Nous avions à cœur de faire quelque chose de sérieux mais dansant ! Musicalement, c’est pas mal steppa. Nous avons aussi démarché Zeb McQueen pour faire un titre chanté afin de mettre un coup de frais au milieu de l’album, et avec un petit peu de noirceur pour finir…

Ce soir, la tournée High Damage s’achève au Free Music Festival. Quel bilan tirez-vous ?
Dino : Un bilan ultra positif, humainement et musicalement. Nous avons eu ce qu’il fallait comme dates et toujours du monde. Une belle progression pour un nouveau groupe, jeune dans son élaboration de travail, avec la difficulté de maitriser le son à 6 membres : Martin en régie pour dubber, nous avons souvent joué sur un séquenceur… Bref, plein de nouveautés pour High Tone, et pour Martin aussi !
Martin : Bilan super positif, carrément ! Tout s’est mis en place petit à petit, mais en même temps assez rapidement, puisque nous sommes tous de la route depuis quelques années. Il y avait plein de nouveautés de part et d’autres : pour eux le fait de jouer sur des machines, c’est un peu nouveau, et pour moi le fait tout simplement de jouer avec un groupe a part entière. Il a donc fallu que je trouve ma place, et qu’il me la laisse. Mais ca s’est fait assez naturellement et rapidement. Au fil des dates, le truc s’est rodé. On a bien tenu le calendrier qu’on s’était fixé au départ. Et je pense que les morceaux de l’album ont bien bénéficié du fait qu’ils aient été joués en live auparavant. Enfin, c’était très agréable, une fois l’album sortit, de refaire un bout de tournée qui nous amène jusqu’a ce soir. Nous avons bien respecté tout ce que l’on a voulu faire. Nous sommes contents du cd et des tournées, zéro galère !

Part 3 High Tone :

Peux-tu nous parler de votre prochain projet « Dub Invaders » ?

Dino (High Tone)

Dino : La culture sound system a toujours fait partie part de notre activité musicale. Depuis 5-7ans nous sommes bien actifs, notamment avec la sortie des maxis avec Martin Campbell et Shanti D. Pour résumer, avec High Tone on se laisse une liberté totale dans les chemins que l’on peux prendre musicalement, et puis Dub Invaders ou les sides-projects d’High Tone c’est la cour de récré, le plaisir de tourner en dances. Et aussi le plaisir de ne pas se pointer avec l’installation complète d’High Tone, même si un sound system ce n’est pas non plus évident à transporter ! Comme les rencontres et les splits, c’est que du plaisir dans le son, des sensations fortes dans la bass music et dans le dub tout simplement. C’est en parallèle du groupe depuis toujours.
Ca nous tenait à cœur de refaire une tournée après le premier Dub Invaders sortit en 2009 pour lequel on avait fait des dates avec les sound systems O.B.F et Dub Addict. On va essayer de repartir sur cette formule le plus possible, de sortir des maxis, de faire des dubplates…
J’avais d’ailleurs lancé le Dubstore avec Jarring Effects qui va basculé sur le Dub Shop avec Musical Riot. Ils sont en train de monter leur shop en ligne sur lequel il y aura une partie dubplate comme sur le JFX Dubstore. Toujours dans le but d’être prolifique, et tout en permettant de sortir des titres sans avoir les contraintes d’un maxi. On va se faire plaisir à sortir du dub comme ca, un peu plus calibré pour jouer sur des sonos.
Nous allons prendre le temps de faire tout ca bien, d’ici la fin de l’année 2012, début 2013. Et puis, nous avons bien envie de partir en sound en Europe, et plus si affinités ! Il y a plein de sounds qui se montent partout, donc nous allons voir les collègues dans les autres pays !

Comment va se dérouler « Dub Invaders » en sound ?
Dino : En fait, il y a beaucoup de live machine : 4 sur les 6 membres d’High Tone. C’est une bonne prise de risque et à la fois un bon moyen d’improviser tous les soirs. Nous essayerons aussi de faire des ping-pongs sur les mêmes cuts, que ca soit vivant. Enfin pour l’instant, nous n’en sommes qu’aux premières idées d’élaboration…

Les titres qu’on a pu découvrir dans le teaser (voir la news) sont ceux qui sortiront sur le prochain « Dub Invaders » ?
Dino : Non. Ce sont des titres que l’on avait déjà. Des trucs que tout le monde avait mis un peu de côté, et que nous avons finit de mixer pour ce promo mix.

Donc il n’y aura que des nouveautés ?
Dino : Ouais ! Là tout le monde est bien à donf sur ses machines pour faire du nouveau !

Le parallèle entre vos projets respectifs est d’ailleurs assez troublant…
Martin : Ouais c’est marrant, il y a un espèce de retour aux sources. Les gars de Zenzile aussi ont fait ça.  Il y a un album assez roots qui doit sortir. J’ai écouté ca et c’est pas mal du tout ! On retrouve un peu la patte qu’ils avaient il y a quelques années, avec aussi des nouveautés.
J’ai l’impression que c’est l’histoire de cette scène : depuis le début, sans se consulter, il y  a plein de choix qui se font au même moment, même si  nous avons tous notre propre style. Au départ, la création des projets, puis le fait de s’éloigner chacun des formes traditionnelles du dub, pour finalement y revenir tous en 2012, que l’on soit tout seul, en sound system ou en groupe. Je pense que ca vient du fait que nous avons tous une part de culture en commun, tout simplement !

Un dernier mot ?
Merci à vous d’être là, et merci de nous soutenir depuis pas mal de temps déjà !

Martin (Brain Damage), Dino (High Tone) et la Culture Dub team

Interview réalisée par Julien « Loob » au Free Music Festival. Photos : LNA pour Culture Dub.
Merci à Dom et Martin pour leur gentillesse et pour le temps qu’ils nous ont accordé, et big up à tout le crew High Damage!

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